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Gaz : les stocks en Europe n'écartent pas toutes les inquiétudes pour l'hiver

Les stockages souterrains seront suffisants pour tenir plus de 50 jours, assure le commissaire européen Thierry Breton. Mais les privations de gaz russe vont obliger l'économie à s'adapter.

Article rédigé par Grégoire Lecalot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L’Allemagne s’approvisionne à 66% en Russie. Pour la France, le chiffre tombe à 16%. Au total, en 2020, plus de 43% du gaz importé en Europe provenait de Russie (FRANK HOERMANN / SVEN SIMON / SVEN SIMON)

Invité du "8h30 franceinfo", mardi 16 août, Thierry Breton s'est voulu rassurant. Pour éviter une éventuelle pénurie de gaz, qui provient habituellement pour une grosse partie de Russie, le commissaire européen au Marché intérieur assure que "nous remplissons actuellement l'ensemble de nos cuves". Selon lui, "l'année dernière, à la même période, nous étions à 61% de remplissage, cette année, on est à 76% [au niveau européen]".

Ces bons résultats s'expliquent d'une part par un très haut niveau d'importation du gaz naturel liquéfié américain (GNL), et d'autre part par la baisse de la consommation, surtout celle des entreprises, aujourd'hui freinée par des prix qui ont été multipliés par 10. 

La France, avec 86% de remplissage, fait figure de très bon élève, quand l'Allemagne se situe pile dans la moyenne, avec 76%. Avec ces très belles quantités, les pays européens pourraient estimer qu'ils ont de quoi passer l'hiver sans crainte. Thierry Breton parle même de "50 jours de stocks". 

Des stocks vulnérables

Le problème, c'est qu'au quotidien, ces stocks n'assurent que 25 à 30% de la consommation européenne. Le reste est délivré en flux constant par gazoduc. Ce qui, pour des pays très dépendants du gaz venu de Russie et qui n'ont pas les mêmes capacités de stockage que la France, par exemple, reste problématique.

La Norvège, important fournisseur européen, a multiplié ses exportations par quatre. Mais ça ne suffira pas. Quant au GNL américain, il est limité par la capacité des ports méthaniers européens. Si l'hiver est rude ou si Moscou – qui ne distribue plus qu'un tiers de sa production habituelle – coupe totalement les vannes, il n'y aura donc plus que le levier "économies d'énergie" à actionner.

Une économie mise sous tension

Dans cette optique, l'Union européenne a adopté la semaine dernière un plan visant à économiser 15% de notre consommation de gaz. Chaque Etat doit mettre en place un plan national d'ici fin octobre. Et ce sont les entreprises qui vont devoir supporter l'effort.

Le droit européen protège en effet les particuliers et certains secteurs comme la santé. Les secteurs de l'acier, de la chimie, ou du verre font valoir que leurs machines et leurs usines risquent de ne jamais redémarrer si elles sont coupées... La liste des entreprises et des secteurs prioritaires, dispensés d'éventuelles coupures, est un véritable casse-tête à établir. Sous la pression des prix, beaucoup envisagent de réduire leurs production : un tiers des entreprises allemandes, par exemple.

Une mauvaise nouvelle pour l'économie, qui risque de plonger dans la récession. Pour l'hiver 2023-2024, rien ne garantit qu'il ne sera pas plus difficile de refaire les stocks. La Commission européenne envisage déjà la reconduction de son plan d'économies d'énergie.

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