Pologne : la Commission européenne dénonce une commission d'enquête controversée sur "l'influence russe"
Le commissaire européen à la Justice Didier Reynders a dénoncé, mardi 30 mai, la création en Pologne d'une commission d'enquête sur "l'influence russe" capable de condamner des responsables politiques sans le contrôle d'un juge. L'homme politique européen est allé jusqu'à menacer à mi-mot Varsovie d'une procédure d'infraction.
Le président polonais Andrzej Duda a donné lundi son feu vert à la création de cet organe, qualifié d'"anticonstitutionnel" et de "stalinien" par l'opposition et nombre de juristes, à l'approche des élections législatives de l'automne. Composée de neuf membres choisis par une chambre basse dominée par le camp nationaliste populiste, cet organe pourra décider si les responsables politiques du pays ont succombé ou non à l'influence russe dans les années 2007-2022. Il pourra également les condamner, sans contrôle effectif de la justice, alertent les observateurs. La personne jugée coupable pourra être interdite d'occuper des postes publics liés à l'accès aux finances publiques et aux informations classifiées pendant dix ans.
Washington se dit aussi "préoccupé"
"Nous sommes particulièrement préoccupés par l'adoption d'une nouvelle loi en Pologne sur un comité spécial qui permettrait (...) de priver de leur droit d'être titulaire d'une fonction élective des citoyens sans qu'il y ait de recours en justice possible", a déclaré le commissaire belge en arrivant à une réunion des ministres des Affaires européennes à Bruxelles. La Commission européenne "n'hésitera pas à prendre des initiatives si la loi est effectivement en vigueur et pose ce type de problème", a-t-il prévenu, faisant ainsi planer la menace d'une nouvelle procédure d'infraction contre la Pologne.
A Washington, le département d'Etat s'est dit "préoccupé" par l'adoption de cette nouvelle législation "qui pourrait être utilisée de manière abusive pour interférer avec les élections libres et équitables en Pologne". La Pologne a déjà fait l'objet de plusieurs condamnations par la justice européenne pour ses réformes, accusées de saper l'indépendance judiciaire, qui lui valent notamment une astreinte journalière de 500 000 euros.
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