: Vidéo Pologne : l'exploitation du charbon reste d'actualité, malgré les réticences européennes
Une nouvelle centrale à charbon va être construite dans le pays qui a accueilli la 24e Conférence sur les changements climatiques, à Katowice, en décembre 2018. La plus polluante se trouve justement en Pologne. Verdir son image, oui, mais renoncer au charbon, impossible, explique cet extrait du magazine "Avenue de l'Europe".
Une centrale géante d'une capacité de 1 000 mégawatts, localisée à Ostrolenka, à une centaine de kilomètres au nord de Varsovie. Le pays qui a accueilli la 24e Conférence sur les changements climatiques, à Katowice, en décembre 2018, a autorisé trois mois auparavant l'ouverture de cette nouvelle centrale à charbon (la dernière, promet le ministère de l'Energie polonais). C'est dans le centre de la Pologne que se trouve déjà la plus polluante d'entre elles, à Belchatów.
Comment lutter contre le réchauffement climatique sans réduire la part d'une énergie fossile grande émettrice de gaz à effet de serre ? Le gouvernement polonais souhaite verdir un peu son image… mais renoncer au charbon, c’est impossible, explique cet extrait du magazine "Avenue de l'Europe".
"L'économie du pays s'est bâtie sur le charbon"
Pour des raisons historiques, d'abord. La Silésie est une terre minière depuis toujours, rappelle ce responsable syndical de la mine de Wujek, à Katowice – la ville même où va se tenir la COP24 : "Pendant des dizaines d'années, il n'y avait pas d'autres emplois. L'économie du pays s'est bâtie sur le charbon, aussi bien sous le régime communiste qu'après la chute du Mur." Ce secteur a connu de profondes restructurations : sur les 400 000 emplois qu'il représentait en 1989, il en reste 100 000 aujourd'hui. Ce qui n'empêche pas le pays de rester le premier producteur européen de charbon. Et surtout, l'un des plus gros consommateurs.
"Le charbon, c'est une énergie locale"
Pour des raisons politiques, ensuite. A elles seules, les centrales à charbon fournissent 80% de l'électricité polonaise. Le gouvernement conservateur du PiS (Droit et justice) y voit une garantie d'indépendance, notamment face au voisin russe. "C'est important pour le sentiment de sécurité nationale. Le gaz, on en importe 80% de Russie, explique Robert Tomaszewski, un analyste du secteur énergétique. Une telle dépendance par rapport à notre voisin fait polémique. Le charbon, lui, c'est une énergie locale. Il est à notre disposition, personne ne peut nous en priver. Et ça, c'est primordial pour la Pologne." Un tout-charbon qui fait grincer des dents les partenaires européens…
Extrait de "Pologne : la difficile lutte contre le réchauffement climatique", un reportage de Anne-Christine Roth et Guillaume Le Goff, rediffusé dans "Avenue de l'Europe" le 26 juin 2019.
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