Facebook est-il un "Swing state"?
Le rôle central des réseaux
sociaux dans la campagne américaine est indéniable. Et sur Facebook , comme sur
Twitter , Barack Obama est en avance. 31 millions de "likes"
sur la page Facebook du démocrate, plus de 10 millions sur celle de son
adversaire Mitt Romney. Les deux candidats savent qu'au moins la moitié des
électeurs américains utilisent le réseau social de Mark Zuckerberg. Sur les
pages Facebook de l'un et de l'autre, les électeurs sont appelés à
s'enregistrer et à poster des commentaires pour soutenir leur candidat.
Les avantages de Facebook
Le réseau social permet l'interaction,
et c'est ce qui plait aux internautes-électeurs. Dans son
rapport, Les réseaux sociaux et l'élection présidentielle américaine
2012 , l'institut de recherches Pew sur le journalisme, note que les internautes "aiment
avoir l'impression de pouvoir accéder directement aux candidats" , notamment à travers le
storytelling, ou "quand un candidat raconte sa vie".
Pour David Talbot, journaliste
spécialisé dans le numérique à Technology review , Facebook est, pour les
candidats, "une arène pour tester, analyser et cibler précisément la
campagne publicitaire" . Ce réseau social offre une forme de marketing
idéale : des messages individuels délivrés par des "Facebook friends" ,
des amis qu'on ne voit pas forcément dans la vraie vie. "Donc ne vous
inquiétez pas" , sourit David Talbot, "si un ancien ami de
l'université, impliqué dans la campagne, vous contacte et vous suggère d'aimer une
page Facebook" . En moyenne, un Américain a 190 amis sur Facebook , c'est
dire le nombre de possibilités.
Facebook a également un rôle
crucial, à travers les "applications" mises en place par Mitt Romney et Barack Obama. David Talbot, estime que grâce
au réseau Facebook , (j'ai vu un ami qui a dit à un ami qui a vu un ami
télécharger une application), le président sortant et son application Obama for America "va
récolter des informations sur plus de 3 millions d'électeurs qui n'ont pas du
tout pris part à la campagne" .
Facebook : Etat des datas
La grande force de Facebook ,
c'est qu'il est une importante de base de données. Les utilisateurs y mettent leur ville, leur âge, leur diplôme, leurs amis et peuvent parfois être influencés.
David Talbot explique : "Les
gens qui ne s'intéressent pas à la politique ne vont pas être sensibles aux
messages ouvertement orientés, mais ils peuvent être sensibles aux messages de
leurs amis" .
Mitt Romney et Barack Obama se servent du réseau social pour déterminer les
attentes des gens et cibler les groupes de personnes qu'ils doivent persuader
d'aller voter. Donc, résume le Guardian , "si un électeur d'un
swing state a "liké" une page Facebook qui décrit Romney comme un
"vautour capitaliste", il pourrait soudainement recevoir des messages
"d'amis" leur rappelant qu'ils achètent eux-mêmes des fournitures
chez Staples, une entreprise prospère dans
laquelle Mitt Romney a investi" . Sur Facebook, tout est vraiment connecté.
You voted. I like. La preuve
par les chiffres
Pour appuyer la thèse de ceux
qui pensent que Facebook a un impact dans l'élection, une étude de
l'Université de Californie est sortie en septembre dernier. Des résultats
publiés dans la revue scientifique Nature . Les chercheurs de San Diego
ont lancé une expérience en ligne en novembre 2010 pendant l'élection du
Congrès américain. Le site newscientist.com raconte : "Le 2 novembre 2010,
jour de l'élection, plus de 60 millions d'utilisateurs Facebook ont vu un
message incitant à aller voter en haut de leur page. Sur ce message un bouton
'j'ai voté' et la photo de leurs amis ayant également cliqué" . Résultat : ce
message a fait augmenter de plus de 2% le nombre de votants issus de Facebook .
Les sceptiques
Pourtant, certains doutent du
réel impact de la campagne virtuelle. John Naughton, du Guardian s'interroge :
"La prédominance de Barack Obama sur internet va-t-elle réellement faire
la différence ? Mon intuition me dit que non. Non pas parce que le net n'est
pas important, mais parce que, selon les sondages, la plupart des électeurs ont
déjà fait leur choix et seulement 6% restent indéterminés" .
Paul Begala, un ancien
conseiller de Bill Clinton, pense quant à lui que le vainqueur de l'élection
sera décidé par seulement 4% de tous les électeurs américains. Ces 4% se trouvent dans six
Etats (Virginie, Floride, Ohio, Iowa, Nouveau Mexique et Colorado), ce qui représente
"916.643 électeurs. C'est tout" . Dans ce chiffre infime, le
conseiller ne laisse qu'une toute petite place à Facebook.
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