Fatigué, l'empereur du Japon exprime publiquement son souhait d'abdiquer
"Quand je vois que ma force physique décline graduellement, je m'inquiète qu'il puisse être difficile pour moi de remplir mes obligations en tant que symbole de l'Etat avec toute mon énergie, comme je l'ai fait jusqu'à maintenant ".
En dix minutes, dans un message vidéo enregistré, l'empereur Akihito est parvenu à exprimer sa volonté de dire "sayonara", au revoir, à ses sujets, sans prononcer une seule fois le mot abdication parce que la Constitution japonaise lui interdit d'abdiquer. Il a expliqué qu'il sent le poids des ans. Il est souffrant et a déjà réduit ses activités protocolaires. Il estime qu'il ne peut pas les diminuer davantage. Autrement dit : laissez mon fils prendre ma place, assumer le rôle de régent.
Comment les Japonais reçoivent-ils ce message vidéo?
Akihito a battu tous les records d’audience. Il a même éclipsé les médailles japonaises aux jeux de Rio et l’activité économique et sociale s’est arrêtée durant dix minutes, la durée du message vidéo de l’empereur. C’est la deuxième fois en 28 ans de règne que l'empereur s’exprime sous cette forme indirecte. La première fois, c'était au cinquième jour de l’accident nucléaire de Fukushima, dans ses heures les plus graves. Autant dire que pour l’empereur Akihito, la volonté de laisser la place à son fils, qui assumerait le rôle de régent est importante. Et Akihito empereur populaire, pacifique, moderne, a le soutien des Japonais. 80% d’entre disent qu'il faut le laisser prendre sa retraite, qu'il l’a bien méritée.
L'empereur ne peut pas abdiquer
Le premier ministre Shinzo Abe a déjà réagi en disant qu’il allait tenir compte de la volonté de l’empereur sans préciser le fond de sa pensée et pour cause : la droite conservatrice au pouvoir ne veut pas d’abdication. Elle considère l’empereur comme un être religieux, sacré, lié au Shinto la religion première des Japonais. L’empereur est une sorte de pape japonais, un intermédiaire entre les hommes et les divinités qui ont donné naissance au Japon, à commencer par la plus célèbre d’entre elles, Amaterasu, la déesse du soleil. Le Japon est un état laïque mais la droite conservatrice veut que l’institution impériale reste le lieu sacré où se fonde le pouvoir.
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