Gaza : dix ans après leur évacuation, les Israéliens toujours amers
C'est un petit musée situé à moins de 20 km de la bande de Gaza. A l'intérieur du centre pour la mémoire du Gush Katif, l'ancien nom des colonies de la bande de Gaza, des vidéos, des photos, des reconstitutions. Un lieu indispensable pour permettre aux familles évacuées de panser leurs plaies, c'est ce qu'assure Laurence Beziz, ancienne résidente de la colonie de Gadid, aujourd'hui l'une des responsables du centre.
"On avait le sentiment d'appartenir à l'Etat d'Israël, de faire quelque chose d'important. On avait un sentiment de mission et c'est quelque chose qui nous manque aujourd'hui. Et on a eu aussi le sentiment, et même aujourd'hui, d'avoir été trahis."
Laurence Beziz et sa famille ont quitté les lieux le 17 août 2005. Le même jour qu'Oreet Segal. Cette Américano-Israélienne s'était installée au début des années 80 à Gaza avec sa famille. Exploitants agricoles, Oreet et son mari disent, comme tous les anciens colons, regretter cette époque. Le jour du départ a été difficile, raconte-elle.
"Il y avait des tensions, les gens étaient en colère mais il n'y a pas eu de violence entre nous et les soldats. Nous regardions les soldats en sachant qu'ils représentaient notre armée, nos soldats. On les considérait comme nos propos enfants. Les gens ont résisté en parlant, on a essayé de les faire renoncer. Mais quand le temps est venu avec beaucoup de larmes et beaucoup de tristesse, nous nous sommes levés et nous sommes partis".
Un groupe d'une trentaine de personnes évolue à travers le petit musée. Evitar BenHaim rappelle aux visiteurs l'histoire des implantations en omettant volontairement de parler des souffrances des palestiniens. Le guide, 31 ans actuellement, qui a grandi dans une des colonies dans la bande de Gaza raconte sa souffrance : "Peu de gens comprennent ce que ça fait. Pour beaucoup, ça veut juste dire prendre ses affaires et déménager dans une autre maison. Mais c'est bien plus que ça".
Pas un mot sur l'occupation militaire de Gaza et des restrictions de déplacements des Gazaouis. Au contraire, Eviatar préfère se souvenir des moments de coexistence avec les palestiniens.
"Je me souviens des relations avec nos voisins, les arabes qui habitaient à Gaza, au début étaient idéales pour vivre. Mais elles se sont malheureusement dégradées au fur à mesure. J'allais dans les serres où mon père faisait pousser ses légumes. J'ai des souvenirs d'une mer magnifique. Je me souviens très bien de tout ça".
A la fin de la visite, Ivor Kerschner, un israélien qui habite Jérusalem est très ému. Il avait lui-même séjourné en tant que visiteur dans l'une des colonies de Gaza. Il était un fervent soutient de ces implantations : "Moi j'étais totalement contre le retrait. Personne ne pensait qu'Ariel Sharon ne le ferait. Pendant la campagne, il a été interrogé sur la colonie de Netzarim et il a répondu que pour lui Netzarim était comme Tel Aviv. Et ensuite, il a retourné sa veste complètement. La société israélienne le regrette aujourd'hui à cause de la situation sécuritaire, à cause des guerres qui ont été menées et à cause des roquettes qui ont lancée contre les communautés autour... "
Autre amertume des anciens colons de Gaza : même s'ils ont reçu des aides conséquentes du gouvernement, tous n'ont pas réussi à reprendre une vie normale. Environ un tiers des anciens résidents habite toujours dans des maisons en préfabriqués ou dans des caravanes.
Selon un récent sondage, plus de 51% des israéliens juifs se disent favorables à un retour des colons dans la bande de Gaza.
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