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GB : le "truc" de la petite cuillère pour échapper au mariage forcé

Cacher une petite cuillère dans sa petite culotte... C'est le conseil surprenant donné par une association britannique aux jeunes femmes menacées d'être mariées de force. En agissant de la sorte, les victimes pourraient déclencher les alarmes des aéroports et échapper ainsi à leur destin.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Robert Galbraith Reuters)

Chaque année, des femmes sont
contraintes de prendre l'avion afin de rejoindre un pays où leur futur mari les attend. La plupart du temps,
elles ne le connaissent même pas. En Angleterre, l'organisation Karma Nirvana conseille
à ces femmes une astuce : cacher une petite cuillère dans leurs sous-vêtements, afin de
faire sonner les détecteurs de métaux à l'aéroport.

Elle
précise que "si la victime est
âgée de 16 ans ou plus, elle est emmenée dans un lieu sûr où elle a une
dernière chance de révéler qu'on veut la forcer à se marier
", à l'abri du
regard de ses parents. La méthode semble porter ses fruits, puisque des personnes
ont rappelé l'organisme en "disant que cela leur avait permis de sortir d'une
situation dangereuse"
.

"Cest une méthode sûre" (Natasha Rattu, directrice de Karma Nirvana)

Ce conseil s'adresse aux victimes potentielles, qui appellent l'organisme et ne savent "pas exactement quand cela va se passer et si cela va
se passer
". Selon Natasha Rattu, la
directrice de l'organisme, il est "incroyablement difficile " de
faire cela alors que la famille de la personne "est à côté, mais de cette façon
elle n'est pas au courant de ce que vous avez fait"
.

Karma
Nirvana travaille avec les aéroports de Heathrow à Londres, de
Liverpool et de Glasgow, et bientôt Birmingham, afin de sensibiliser le
personnel aux indices permettant de déceler un cas de mariage forcé.

Des milliers de cas

Chaque
année, l'organisation Karma Nirvana reçoit environ 6.500 appels en rapport avec un
mariage forcé. Un chiffre qui atteint généralement un pic avant les départs en vacances d'été.  "Les vacances sont un moment propice aux disparitions de jeunes puisqu'ils ne sont plus sous la surveillance de l'école ", explique Natasha Rattu. Malgré tout, les experts estiment que les victimes se manifestant ne représentent qu'une infime partie des cas
existants.

Selon les données officielles, les victimes sont à plus de 80% filles
et en majorité originaires des pays du sous-continent indien. Un tiers des
victimes repérées sont âgées de moins de 17 ans. D'autre part, la moitié des cas
concernent le Pakistan, 11% le Bangladesh, 8% l'Inde et 2% l'Afghanistan.

Réaction du gouvernement

Cet été, le gouvernement britannique
a lancé une campagne visant à empêcher l'envoi d'adolescentes à l'étranger sous couvert de départ en vacances pour un mariage forcé. Début août, les dirigeants avaient également alerté
les médecins et enseignants. Afin de sensibiliser au problème, des cartes affichant "Mariage, c'est votre choix" , comportant un numéro de téléphone ainsi qu'une
adresse électronique pour contacter les autorités, ont été distribuées. 

En
2012, la cellule du Foreign Office, le ministère des Affaires étrangères
britannique, qui a été mise en place pour lutter contre les mariages
forcés, a traité 1.500 cas. La
prise de conscience augmente d'année en année au Royaume-Uni, qui voit des
nombreuses communautés immigrées cohabiter. Suicides et des crimes d'honneur
liés au mariage forcé ont déjà marqué
les Anglais.

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