Cet article date de plus de dix ans.

Grande Guerre: les archives colorisées de la revue «Le Miroir»

Article rédigé par Laurent Filippi
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le livre «La Grande Guerre en archives colorisées» propose 500 photographies issues du fond iconographique de la revue illustrée «Le Miroir». La plupart de ces clichés ont été réalisés par les soldats, au fil des opérations militaires.

La colorisation de ces photos sous la supervision de professionnels (conseillers, militaires, historiens) permet au public de mieux comprendre la dureté de ce conflit et d’être ainsi plongé au plus près de la réalité.
 
Le Miroir était un hebdomadaire (1912-1920) qui accordait une place primordiale à la photo. Il monnayait tous les clichés publiés qui lui étaient envoyés du front. Un concours de la meilleure photographie de guerre fut même organisé, doté d’un prix de 30.000 francs, une somme considérable à l’époque. Ces offres permettaient ainsi aux combattants de devenir l’espace d’un instant de véritables reporters de guerre.
 
A la différence de son célèbre concurrent de l’époque L’illustration, ce magazine ne censurait presque aucune des photos. L’idée étant de montrer la guerre dans ce qu’elle a de plus violent mais aussi de plus intime. Cette démarche ne laissera pas insensible le lectorat. Pendant les années de conflit, le magazine passera de 300.000 à un million  d’exemplaires vendus.
 
L’historien et grand spécialiste français de la Première Guerre mondiale, Jean-Yves Le Naour, livre un récit d’une grande qualité, riche en anecdotes, pour accompagner ce témoignage visuel. Des repères chronologiques et géographiques permettent au lecteur de découvrir les grandes étapes d’un conflit qui s’étend des Etats-Unis au Moyen-Orient en passant par l’Afrique.
 
Ces photos «permettent de saisir des instantanés de vies englouties dans une guerre où l’humain ne semble plus avoir sa place», explique l’auteur. 

Dans la dernière partie du livre est présentée une série de photos non datées. Geopolis vous propose d’en découvrir une trentaine. 

À l’instar des Britanniques qui ne partent pas à la guerre sans provision de thé, les Russes ont équipé leur armée d’un samovar géant. La vodka étant interdite depuis la mobilisation, les soldats doivent, tout comme leurs alliés d’outre-Manche, se contenter de thé pour se réchauffer.

	  (Le Miroir/Prisma Media/GeoHistoire)
On ne choisit pas toujours l’emplacement des premières lignes. Cette tranchée creusée au milieu d’un cimetière suscite naturellement des commentaires acerbes de la part des Français, sur le thème de l’absence de considération des Allemands pour les morts. C’est oublier qu’en temps de guerre, le respect de la vie n’a pas cours. Alors celui des morts… (Le Miroir/Prisma Media/GeoHistoire)
Mettre le nez au créneau pour épier l’ennemi est toujours périlleux. Des tireurs d’élite embusqués peuvent attendre des heures qu’un imprudent ose montrer sa tête pour le tuer. C’est d’ailleurs ainsi – en voulant observer les lignes – que le général Maunoury a reçu un projectile qui l’a aveuglé. Pour ne pas subir semblable mésaventure, rien ne vaut un bon périscope de fortune, avec un jeu de miroirs à l’intérieur.

	  (Le Miroir/Prisma Media/GeoHistoire)
L‘Allemagne, qui croyait disposer de l’atout religieux depuis l’entrée en guerre de l’Empire ottoman et la proclamation du djihad par le sultan, a dû déchanter. Elle incitait les tirailleurs nord-africains à la désertion en plantant des drapeaux verts, la couleur de l’islam, devant leurs tranchées. Non seulement les tirailleurs n’ont pas déserté, mais ils ont vécu cela comme une provocation, arrachant les drapeaux des mains des Allemands. (Le Miroir/Prisma Media/GeoHistoire)
Quand les obus pleuvent et que les balles sifflent, il n’est pas toujours facile d’enterrer les morts. Ils sont parfois ensevelis juste à côté de la tranchée, mais, la pluie et les éboulements aidant, ils finissent par ressurgir en terrifiant les vivants. il arrive même que, sans le savoir, on creuse des tranchées au milieu de charniers. C’est alors un calvaire pour ceux qui tiennent ce bout de terrain parmi les morts à l’odeur irrespirable. (Le Miroir/Prisma Media/GeoHistoire)
Montrer la mort, même celle de l’ennemi, n’est pas chose évidente à l’époque, car de telles images révèlent toute l’horreur de la guerre dont la censure cherche justement à protéger l’arrière, pour préserver son moral. Retrouvé à la fin de l’année 1915 au milieu d’un fossé, cet Allemand ne se reconnaît plus qu’à ses bottes. Un poilu, en effet, est équipé de godillots et de bandes molletières. (Le Miroir/Prisma Media/GeoHistoire)
En 1914 et 1915, on pratique la peine du poteau dans les camps de prisonniers allemands. Pour avoir oublié de saluer un officier ou pour toute autre violation des règles, les contrevenants sont attachés et laissés pendant des heures sous la pluie ou dans le froid. Les protestations de la France, relayées par d’autres nations, auront raison de ce châtiment. Ici, des Français sont punis aux abords immédiats du camp de Grafenwoehr, en Bavière. (Le Miroir/Prisma Media/GeoHistoire)
Pour en finir avec ces rongeurs qui pullulent dans les tranchées, l’armée propose une prime de 5 centimes pour chaque animal tué. Les poilus se lancent alors dans la traque et posent fièrement au milieu de leurs trophées. Peine perdue ! Le front est un gardemanger si bien pourvu – et sans cesse réapprovisionné – que les rats s’y multiplient. Il faudra se résigner à leur voisinage jusqu’à la fin des hostilités.

	  (Le Miroir/Prisma Media/GeoHistoire)
Il ne s’agit pas des inondations de 1910, mais d’une tranchée submergée par la Meuse, toute proche. Pour rallier Berlin à la rame, cela risque de prendre un peu de temps ! (Le Miroir/Prisma Media/GeoHistoire)
À Berlin, pour que la population puisse se rendre compte de ce qu’est une tranchée, un segment a été reconstitué et ouvert au public, moyennant un droit d’entrée. (Le Miroir/Prisma Media/GeoHistoire)
C’est lors de cette guerre que l’industrie du camouflage prend son essor. Des peintres comme Derain ou Braque sont même incorporés dans des sections spéciales chargées de peindre sur les canons pour les dissimuler au regard de l’ennemi. Mais l’oeuvre des plasticiens de la section des « caméléons », comme on les nomme, est encore plus surprenante. Pour observer l’ennemi en toute sécurité, il faut un peu d’imagination.

	  (Le Miroir/Prisma Media/GeoHistoire)
Même si les avions annoncent leur irrémédiable déclin, les ballons captifs, rebaptisés « saucisses », rendent encore de fiers services durant la Première Guerre mondiale. L’officier, dans la nacelle, y observe les lignes ennemies ou guide le tir des batteries françaises grâce à une radio TSF. À la merci des avions, ce poste n’est pas toujours de tout repos, et les observateurs sont munis de parachutes. (Le Miroir/Prisma Media/GeoHistoire)
La guerre a donné un véritable coup de fouet à la production d’avions. Ce qui relevait de l’artisanat passe à l’échelle industrielle. Le modèle du Breguet XIV est par exemple réalisé à 5 000 exemplaires. La recherche et la fabrication se livrent à une véritable coursepoursuite : comme il faut imaginer des avions toujours plus performants, les modèles sont vite périmés. Ici, des techniciens mettent au point un engin expérimental doté d’une hélice à quatre pales et d’un moteur Renault.

	  (Le Miroir/Prisma Media/GeoHistoire)
Dans cette guerre, le sommeil est rare et précieux. La tranchée n’est pas particulièrement confortable, même si l’on a pu s’emmitoufler dans une couverture. Et quand les hommes sont en cantonnement, il est extrêmement rare, à part pour les officiers, qu’ils puissent approcher un lit. Les poilus sont souvent si fatigués qu’ils s’endorment n’importe où, dès que l’occasion s’en présente, à l’instar de celui-ci, qui trouve un repos momentané dans le silence d’une église en ruine.

	  (Le Miroir/Prisma Media/GeoHistoire)
À quelques kilomètres de la ville de Verdun, le fort de Souville est le tout dernier point d’appui des Français en juin 1916. S’il tombe, les Allemands prendront la cité. Il n’est donc pas question pour les sentinelles de se laisser surprendre par des gaz toxiques. (Le Miroir/Prisma Media/GeoHistoire)
Des soldats allemands, conduits par un poilu, empruntent un boyau qui les conduira à l’arrière des lignes. Ils défilent sous le regard ironique des Tommies, qui ne manqueraient le spectacle pour rien au monde.

	  (Le Miroir/Prisma Media/GeoHistoire)
Dans un village dévasté de la Somme, des soldats ont trouvé un piano intact. Il n’en faut pas plus pour égayer une journée. Avec ce qui leur tombe sous la main, des artisans habiles parviennent à fabriquer des instruments de musique, des violons, des mandolines, des flûtes… Même en temps de guerre, la musique semble indispensable à l’homme. Et pas seulement la musique militaire. (Le Miroir/Prisma Media/GeoHistoire)
Quel contraste créent ce violoniste jouant au milieu des décombres, l’élégance raffinée de son instrument et l’horreur du décor. Quand cette photographie a été prise, dans l’église détruite de Combles, cet officier allemand mélomane ne se doutait pas que ses jours étaient comptés. On retrouvera ce cliché sur son cadavre, après qu’il aura été coupé en deux par un éclat d’obus lors de la bataille de la Somme. (Le Miroir/Prisma Media/GeoHistoire)
Une tranchée qui se respecte a besoin de sacs de terre. Pour s’épargner de la peine, les poilus installés sur cette crête ont trouvé un ingénieux système permettant de les monter un à un. La guerre n’empêche pas d’avoir des idées.

	  (Le Miroir/Prisma Media/GeoHistoire)
Des sapeurs ont creusé une galerie souterraine jusque sous les lignes ennemies, y ont entassé des tonnes d’explosifs avant de tout faire sauter. En profitant de la désorganisation qui suit l’explosion, il est alors plus facile de conquérir la tranchée allemande. (Le Miroir/Prisma Media/GeoHistoire)
 Les officiers de ce cantonnement méprisent crânement l’attaque aux gaz et continuent leur jeu comme si de rien n’était. À moins que la photographie n’ait été « fabriquée » pour toucher quelques dizaines de francs du Miroir… (Le Miroir/Prisma Media/GeoHistoire)
La tsarine Alexandra offre de menus cadeaux à la troupe. Les mines sont graves. Depuis les revers de 1915, la rumeur court que la tsarine, surnommée la « niemka » (l’Allemande) parce que née Hesse-Darmstadt, n’est pas pour rien dans les victoires de l’ennemi.

	  (Le Miroir/Prisma Media/GeoHistoire)
Cela paraît bien dérisoire, mais ces soldats débrouillards, qui ont cherché le moyen de projeter les grenades le plus loin possible, ont redécouvert la fronde. La guerre de l’âge industriel a parfois un arrière-goût d’antiquité.

	  (Le Miroir/Prisma Media/GeoHistoire)
Après l’armure du poilu, expérimentée et abandonnée en 1915, les Américains mettent au point, en 1917, une cuirasse qui fait ses preuves jusqu’à 20 m de distance. Mais il n’est pas pratique de courir avec une armure de près de 20 kilos sur les épaules. À leur tour, les Américains ne donneront pas suite à ce projet. (Le Miroir/Prisma Media/GeoHistoire)
Un motocycliste anglais s’est rendu auprès du camion-colombier pour y prélever un petit contingent de pigeons voyageurs qui serviront aux liaisons avec le poste de commandement situé à l’arrière. À l’heure du téléphone de campagne et de la télégraphie sans fil, cette méthode de communication vit là ses dernières heures. (Le Miroir/Prisma Media/GeoHistoire)
Voici peut-être l’arme la plus inattendue de cette guerre : une arbalète lance-grenades, lointaine héritière des catapultes et autres engins de jet. Et dire que la guerre de 14-18 est considérée comme celle de l’avènement de la modernité en matière militaire !

	  (Le Miroir/Prisma Media/GeoHistoire)
Avant d’être envoyés sur le front, les soldats américains s’entraînent à embrocher des mannequins dans de fausses tranchées. Il n’est pas sûr que cela soit si facile dans les conditions réelles.

	  (Le Miroir/Prisma Media/GeoHistoire)
Avec les résidus des combats, on peut tout créer. La plupart des poilus versés dans l’artisanat de tranchée en ont fait des vases, mais ce luthier a tout simplement continué à fabriquer pendant la guerre la même chose qu’en temps de paix. Que des instruments de musique naissent ainsi d’engins de mort, voilà qui est une belle leçon. (Le Miroir/Prisma Media/GeoHistoire)
Les unités ont souvent des animaux comme mascottes. Cette tradition est d’ailleurs particulièrement ancienne et renvoie à une fonction totémique oubliée depuis longtemps. Ces marcassins ont vécu parmi les hommes depuis leur naissance et sont devenus de véritables animaux de compagnie. (Le Miroir/Prisma Media/GeoHistoire)
  (AKG-images)

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.