Grèce : "Les prochaines années vont être aussi dures que les précédentes"
Alexis Tsipras a présenté jeudi soir des propositions de réformes quasi similaires à celles proposées par les créanciers de la Grèce. Francetv info a recueilli les réactions de Grecs sur les réseaux sociaux.
"Qu'on ait voté oui ou non, on se doutait bien que ça finirait comme ça..." Eleni Georgopoulo est désabusée. Comme cette productrice de radio de 32 ans, les Grecs sont partagés entre déception et optimisme face à l'avenir de leur pays, au lendemain de la présentation de nouvelles mesures de réforme par leur Premier ministre, Alexis Tsipras, aux créanciers de la Grèce.
Dans un document de treize pages intitulé "Actions prioritaires et engagements", le gouvernement grec s'engage à adopter la plupart des mesures proposées par les créanciers le 26 juin, malgré la victoire du "non" à ces mêmes mesures lors du référendum du 5 juillet. "On n'avait aucune idée des mesures que proposerait Tsipras après le scrutin, explique Eleni. On n'avait pas besoin de savoir. Rien n'a changé finalement."
"On demande toujours plus aux plus modestes"
Pourtant, quand Eleni Georgopoulo est allée voter à Athènes dimanche, elle était pleine d'espoir. La jeune femme pensait qu'en votant non, on pourrait mettre fin à "l'injustice sociale et fiscale" qui règne en Grèce. Pendant la semaine précédant la tenue du référendum, Eleni s'est coupée de l'actualité pour pouvoir faire le choix de vote le plus proche de ses convictions, sans se laisser influencer par les médias "propagandistes" : "Ma priorité était de savoir quel vote permettrait à la Grèce de rester dans l'Union européenne, sans rajouter de l'austérité à l'austérité."
Cinq jours plus tard, l'humeur est plutôt à l'amertume, même si la jeune femme reste persuadée que ces mesures sont un mal pour un bien : "Dès que Tsipras a publié ses propositions jeudi soir, je suis allée les lire. Franchement, il n'y a rien de différent par rapport aux mesures des créanciers, mais je crois qu'il n'avait pas le choix. Le référendum a juste été un moyen de lui donner une certaine légitimité face aux créanciers", suppose-t-elle. Pour elle, c'est la vie quotidienne qui va le plus en pâtir : "La taxe de 23% sur l'alimentation, c'est un coup dur pour nous, déjà qu'on se prive beaucoup depuis cinq ans... On demande toujours plus aux contribuables les plus modestes, alors que ce sont les taxes sur le luxe et la suppression des préretraites qui auraient dû être mises en place depuis longtemps."
A quelques centaines de kilomètres de là, sur l'île d'Ithaque, dans la mer Ionienne, Aliki Anastasiadi, une jeune brune aux cheveux longs, fait le même constat : "Je suis déçue par la tournure des événements évidemment, mais Alexis Tsipras n'avait pas forcément le choix. Les Européens se fichent de notre avis." Vendeuse dans un magasin de souvenirs, Aliki n'a pas pu participer au référendum et, avec le recul, elle ne sait toujours pas ce qu'elle aurait voté : "Les choses ont tellement changé en cinq jours, je ne sais plus à qui me fier."
"Soulagée de rester au sein de l'UE"
Dans la bouche des électeurs du oui comme du non, le seul point positif de ces mesures est "le soulagement de rester dans l'UE". Afroditi Keramida est étudiante en droit à Athènes. A 23 ans, cette électrice du oui au référendum et militante de Nouvelle Démocratie (un parti de droite) s'intéresse beaucoup à la politique. Vendredi matin, elle s'est sentie presque trahie à la lecture des propositions d'Alexis Tsipras :"Je ne suis pas tant déçue que ça par les mesures qu'il a prises. J'étais préparée à plus d'austérité puisque j'ai voté oui. Mais on voit bien qu'Alexis Tsipras est incapable de négocier avec l'Europe et qu'il a utilisé le référendum car il était dans l'impasse."
Se destinant à une carrière d'avocate, Afroditi craint surtout pour ses parents :"Avec ces nouvelles mesures, ma mère retraitée ne pourra plus toucher l'Ekas, l'allocation complémentaire pour les petites retraites, sa retraite va baisser de 20% et son quotidien va coûter plus cher. Quel vie Tsipras veut-il pour son peuple ? Les prochaines années vont être aussi dures que les précédentes."
Les Grecs attendent de savoir concrètement ce qui se passera pour eux : "Moi j'ai quand même confiance en Tsipras, confie Elena Ayame, enseignante de 26 ans à Athènes. Ce n'est pas de sa faute. Tout ce qui nous arrive aurait dû être fait depuis vingt ans."
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