Pour Emmanuel Todd, l'Europe "se suicide sous direction allemande"
L'essayiste habitué des polémiques livre son analyse de la crise de la dette grecque dans un entretien au journal belge "Le Soir".
De quoi la crise de la dette grecque est-elle le symptôme ? D'une "autodestruction" de l'Europe "sous direction allemande", affirme l'essayiste Emmanuel Todd dans un entretien au quotidien belge Le Soir (article payant) paru jeudi 9 juillet et repris par le site Herodote (PDF). L'historien, habitué des polémiques, y plaide pour une sortie de la zone euro car "l’euro est le trou noir de l’économie mondiale" et "personne n’ose dire que ça ne marche pas".
Emmanuel Todd estime que l'Europe est actuellement "contrôlée par l’Allemagne et par ses satellites baltes, polonais, etc" et qu'elle est "devenue un système hiérarchique, autoritaire". "On est en train sans doute d’assister à la troisième autodestruction de l’Europe", estime-t-il, rappelant les précédentes : "Il y a d’abord eu la guerre de 14, puis la deuxième guerre mondiale." Il en conclut que "l’Europe est un continent qui, au XXe siècle, de façon cyclique, se suicide sous direction allemande."
Europe du Nord contre Europe du Sud et point Godwin
L'anthropologue voit dans le bras de fer entre le Premier ministre grec issu de la gauche radicale, Alexis Tsipras, et les autres dirigeants de la zone euro une lutte entre Europe du Nord et Europe du Sud, dont l’opposition culturelle est "aussi ancienne que l’Europe". Il semble prendre le parti des pays d'Europe du Sud "influencés par l’universalisme romain" et "instinctivement du côté d’une Europe raisonnable". Soit "une Europe dont la sensibilité n’est pas autoritaire et masochiste" et "qui a compris que les plans d’austérité sont autodestructeurs, suicidaires". Par opposition à une Europe du nord "plutôt centrée sur le monde luthérien".
Et la France dans tout ça ? "Les deux tiers de la France profonde sont du côté de l’Europe du sud", juge Emmanuel Todd, qui se risque au point Godwin lorsqu'il en vient à la position de François Hollande dans le dossier. "S’il laisse tomber les Grecs, il part dans l’Histoire du côté des socialistes qui ont voté les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Si les Grecs sont massacrés d’une façon ou d’une autre avec la complicité de la France, alors on saura que c’est la France de Pétain qui est au pouvoir."
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