Quatre questions sur le nouveau plan d'aide à la Grèce
Cet accord doit permettre à la Grèce de payer une échéance de 3,4 milliards d'euros due à la BCE, le 20 août. Mais les économistes doutent de l'efficacité du nouveau plan d'aide.
Il reste "un ou deux très petits détails sur les actions préliminaires à mener", selon le ministre des Finances grec, Euclide Tsakalotos. Mais les négociations marathon ont tout de même abouti mardi 11 août. L'accord technique entre Athènes et ses créanciers (le FMI, la BCE et la Commission européenne) devrait permettre au pays de bénéficier d'un nouveau plan d'aide. Il s'agirait du troisième depuis le début de la crise en 2010. Francetv info revient sur les principaux enjeux de cet accord.
Pourquoi la Grèce bénéficie-t-elle d'un troisième plan d'aide ?
Ce nouveau plan d'aide doit d'abord permettre à Athènes de payer une échéance de 3,4 milliards d'euros due à la Banque centrale européenne, le 20 août. Selon une source européenne, le montant de l'aide serait de "82 à 86 milliards d'euros" sur trois ans. Il est chiffré à 85 milliards par le gouvernement grec.
Malgré deux programmes d'aide en 2010 et 2012, d'un montant total de 240 milliards d'euros, et un effacement de dette de 100 milliards d'euros du secteur privé, la Grèce a connu six années consécutives de récession et n'est toujours pas en mesure de revenir se financer sur les marchés. Quant aux banques grecques, exsangues du fait de la dégradation économique et des retraits massifs des citoyens, elles ont un besoin urgent de recapitalisation.
Qu'attendent les créanciers en retour ?
Près de 35 réformes doivent être menées dans l'immédiat par Athènes afin de débloquer une première tranche d'aide. Selon la presse, les mesures vont d'un changement sur les taxes à la tonne pour les compagnies maritimes à la réduction du prix des médicaments génériques, en passant par la dérégulation du secteur de l'énergie.
Des réformes de fond ont aussi été réclamées, concernant aussi bien le système de retraite que le marché du travail, ainsi que la mise en place d'un fonds de privatisation. Les mesures sont détaillées dans le mémorandum sur lequel les institutions et le gouvernement d'Athènes sont tombés d'accord.
La Grèce peut-elle s'en sortir grâce à ce nouveau plan d'aide ?
C'est toute la question et les économistes sont plutôt sceptiques. "Il y a un certain nombre de pièges qui pourraient faire dérailler l'accord dans les prochains mois et relancer les craintes d'un 'Grexit'", une sortie de la Grèce de la zone euro, notent les analystes d'ABN Amro.
Beaucoup d'économistes prévoient une baisse du PIB grec de 3 à 4% cette année. Pour l'éviter, il va falloir une cure d'austérité qui pourrait "être contre-productive" pour la croissance. "Le plan repose sur des prévisions pour l'économie et les finances publiques qui relèvent quasiment du fantasme", assure Jonathan Loynes, de Capital Economics.
Selon lui, ce nouveau plan d'aide "ne permettra ni de régler les problèmes économiques et budgétaires profonds de la Grèce, ni d'assurer son avenir au sein de l'union monétaire".
Quelles sont les prochaines étapes ?
Le Parlement grec pourrait voter le projet d'accord jeudi 13 août, l'Eurogroupe l'approuver vendredi, avant le vote d'autres Parlements européens, dont le Bundestag allemand. Ce calendrier serait idéal pour Athènes : la première tranche de l'aide serait déboursée à temps pour que la Grèce rembourse la BCE le 20 août.
Mais l'Allemagne a insisté ces derniers jours pour conclure un accord "solide", quitte à prendre plus de temps pour négocier. Dans ce cas, pour franchir l'obstacle du 20 août, il y aura "peut-être besoin d'un prêt-relais", imagine une source européenne à Bruxelles.
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