: Reportage Grèce : dans les régions dévastées par les incendies, un "désastre économique" pour les professionnels du tourisme
Une bonne partie du parc naturel et classé Natura 2000 de la forêt de Dadia, dans le nord-est de la Grèce, est en train de partir en fumée. Déjà deux semaines qu'elle brûle sans que les pompiers ne puissent contrôler les foyers, tant le parc est dense et le vent imprévisible. De quoi faire perdre espoir aux professionnels du tourisme, comme Elena. Elle tient une boutique de souvenirs à Soufli, l’un des villages qui borde la forêt et qui redoute les flammes.
“Nous n’avons plus de touristes, les gens ont peur de venir. Nous avons perdu la forêt de Dadia qui était la raison principale pour laquelle les gens venaient dans cette région. Mais toute cette région était liée au tourisme vert : nous parlons des amoureux de l’environnement, des oiseaux et de la nature, mais aussi de la culture de la soie, de l’industrie viticole. Maintenant que nous avons perdu tout cela, de quoi va-t-on parler ?"
La mairie de Soufli avait décidé de développer un label "Forêt de Dadia" pour promouvoir la soie, le miel, le vin. Mais désormais, il va falloir tout réinventer. Les terrasses sont vides, ou n’ont plus comme clients que pompiers ou militaires. À une quinzaine de kilomètres de là, dans la pinède, Dimitra Georgiti raconte comment son hôtel, un établissement d’écotourisme a perdu tous ses clients.
"Nous étions complets pour le mois d’août, mais cela a été très rapide. Deux jours après le début des feux, les amateurs d’oiseaux, les photographes ont tous annulé leurs réservations, ou ils voulaient reporter. Ils ont redouté que ce qui reste n’ait plus rien à voir avec l’idée d’un parc national. Donc c’est un désastre économique pour moi."
"Partir loin de cette région"
Il y a eu le Covid, des feux déjà l’été dernier, de nouveaux incendies cette année encore plus dévastateurs. Si Dimitra espère une aide du gouvernement. Elena elle n’y croit plus : "Il n’y en a toujours que pour Athènes et rien d’autre. Ils se fichent de nos régions. Je suis jeune, j’ai deux enfants, je dois penser à leur avenir. Et malheureusement, ces derniers jours je n’ai pas trouvé de raison d’espérer et de rester ici. Je pense vraiment à partir loin de cette région."
Dans cette région de l’Evros, les feux ne détruisent pas que la forêt de Dadia : ils pourraient aussi porter un coup terrible au tissu économique et social.
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