Hamid Karzai a jugé jeudi "irresponsable" la révélation d'infos pouvant mettre en danger la vie d'informateurs afghans
92.000 documents confidentiels classifiés ont "fuité" sur le site internet WikiLeaks, jetant davantage le doute sur la stratégie de la Maison blanche dans ce conflit impopulaire.
Barack Obama s'est dit préoccupé par la fuite, susceptible de "menacer des personnes ou des opérations" sur le terrain, tout en estimant qu'elle révélait peu d'éléments.
"Ces documents ne révèlent pas de problèmes qui n'ont pas déjà nourri notre débat public sur l'Afghanistan", a-t-il assuré devant la presse à la Maison Blanche.
Le président afghan Hamid Karzai a jugé jeudi "irresponsable" et "choquante" la révélation de noms ou d'informations pouvant mettre en danger la vie d'informateurs afghans dans les documents militaires secrets publiés par le site WikiLeaks.
Le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, s'est défendu en affirmant que les documents avaient été relus, à la recherche d'éventuels noms d'informateurs, et que nombre d'entre eux en contenant n'avaient pas été publiés. Mais le Times a rapporté mercredi que deux heures d'examen attentif des documents lui avaient suffi à repérer les noms de dizaines d'Afghans supposés avoir fourni des renseignements à l'armée américaine.
Julian Assange s'était également défendu en affirmant au quotidien britannique avoir demandé à la Maison-Blanche la semaine dernière de l'aider à "minimiser les chances que les noms d'informateurs soient divulgués" et n'avoir reçu aucune réponse.
"Réveille-toi Amérique. La publication par WikiLeaks des documents secrets nous donne 92.000 raisons de mettre fin à la guerre", a lancé mardi à la Chambre des représentants le représentant démocrate de gauche Dennis Kucinich, l'un des plus farouches opposants au conflit afghan. Il a notamment évoqué les documents dénonçant le soutien présumé du Pakistan aux insurgés afghans.
Dennis Kuninich a présenté une résolution pour le retrait des troupes américaines du Pakistan avec l'élu républicain libertaire Ron Paul. Résolution rejetée par la Chambre des représentants par 38 voix contre 372. Malgré cette défaite, les deux hommes ont pu faire entendre leurs arguments sur le volet pakistanais du conflit afghan. Habitués de la contestation anti-gouvernementale, ils se fondent sur un texte de 1973, adopté après la guerre du Vietnam, qui donne au Congrès seul le pouvoir d'autoriser des conflits.
Le financement du plan Obama
Ces critiques n'ont toutefois pas empêché la Chambre des représentants de débloquer près de 60 milliards de dollars pour le financement du conflit afghan et l'envoi des 30.000 soldats supplémentaires annoncés par le président Obama en décembre.
Les partisans de la guerre en Afghanistan appellent de leur côté à un financement sans délai des opérations de guerre. "Couper les vivres au milieu de ce combat équivaut à un abandon", a dit le républicain Howard "Buck" McKeon. M. McKeon n'en a pas moins critiqué la stratégie de M. Obama qui prévoit un début de retrait américain en juillet 2011. Pour lui, cette date "ne peut être dictée arbitrairement à Washington", mais doit suivre l'évolution des opérations sur le terrain.
L'ex-ambassadeur américain en Irak, Ryan Crocker, s'est inquiété mardi au Sénat de cette même date. M. Crocker craint que les talibans puissent voir cette date comme celle "à laquelle ils doivent s'accrocher", avant que les choses ne s'améliorent pour eux.
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