Hillary Clinton a indiqué lundi redouter que l'Iran ne s'oriente "vers une dictature militaire"
"Nous pensons que, dans les faits, les gardiens de la révolution sont en train de supplanter le gouvernement iranien", a déclaré la secrétaire d'Etat américaine lors d'un débat télévisé avec des étudiants au Qatar.
Interrogée sur une possible intervention des Etats-Unis en Iran, Mme Clinton a plaidé pour une action coordonnée par les Nations unies.
"Nous avons l'intention de tenter de rassembler la communauté internationale pour qu'elle fasse pression sur l'Iran par le biais des sanctions adoptées par les Nations unies, qui viseront tout particulièrement les entreprises contrôlées par les gardiens de la Révolution". a indiqué Mme Clinton.
"Nous oeuvrons activement avec nos partenaires régionaux et internationaux (..) à préparer et appliquer de nouvelles mesures pour convaincre l'Iran de changer de politique".
La secrétaire d'Etat américaine, qui s'exprimait dimanche lors d'une allocution devant le Forum mondial Islam/Etats-Unis réuni à Doha, a estimé que l'Iran "ne laisse à la communauté internationale que le choix d'imposer un prix plus lourd pour ses mesures provocatrices".
L'Iran a lancé la semaine dernière la production d'uranium enrichi à 20%, malgré les protestations des puissances occidentales.
Selon Hillary Clinton, cette annonce "a approfondi les soupçons de la communauté internationale au sujet des intentions nucléaires de l'Iran, comme elle a renforcé l'isolement du gouvernement iranien".
La chef de la Diplomatie américaine a en outre stigmatisé la répression de la contestation populaire par le pouvoir iranien, affirmant que "si le gouvernement iranien veut le respect de la communauté internationale, il doit respecter les droits de son propre peuple". Elle a cité entre autres "les détentions à large échelle, les procès de masse, les exécutions politiques et l'intimidation des membres des familles des opposants."
Les précisions d'un conseiller d'Obama
Peu auparavant dimanche, sur la chaîne TV américaine Fox, le conseiller à la sécurité nationale du président Barack Obama a indiqué que les Etats-Unis travaillent à présenter des sanctions contre l'Iran "ce mois-ci" à l'Onu. "Je pense que les Iraniens doivent réfléchir attentivement à la façon dont ils agissent", a prévenu James Jones.
Il a ajouté que les Etats-Unis bénéficiaient sur ce sujet d'un "énorme soutien", y compris de la Russie, reconnaissant toutefois qu'il fallait "travailler un peu plus avec la Chine". Il s'est dit néanmoins confiant, les Chinois ne pouvant selon lui "pas refuser leur soutien", étant donné qu'ils veulent jouer un rôle "responsable" au sein de la communauté internationale.
Le haut conseiller a également assuré que même si les Etats-Unis ne cherchent pas activement à déstabiliser le pouvoir iranien, les sanctions pourraient favoriser en définitive un "changement de régime" à Téhéran.
Le dossier du Yemen
Lors de sa visite dans le Golfe, Mme Clinton s'est également exprimée sur la situation au Yemen.
"Les Etats-Unis se félicitent du cessez-le-feu" devant conduire à l'amorce d'"un processus de réconciliation et de reconstruction, nécessaire pour mettre fin à un conflit", récurrent depuis 2004, a déclaré Mme Clinton à propos du Yemen dans un communiqué distribué à la presse et a cependant exprimé son "inquiétude pour la situation humanitaire, dont celle des quelque 250.000 déplacés par le conflit" dans le nord du Yémen.
Washington a apporté à ces déplacés depuis 2009 une aide de 19,3 millions de dollars, a-t-elle ajouté, exhortant les autres donateurs à venir en aide aux agences humanitaires internationales opérant au Yémen et qui sont à court de fonds. "Les Etats-Unis soutiennent un Yémen uni, stable, démocratique et prospère", a encore dit Mme Clinton à propos de ce pays qui fait face à renforcement de la présence d'Al-Qaïda et à un mouvement séparatiste dans le sud. "Nous avons augmenté substantiellement notre assistance pour répondre aux défis d'ordre politique, économique et de sécurité que rencontre le Yémen", a-t-elle poursuivi, soulignant l'engagement de son pays à poursuivre sa coopération avec ses partenaires internationaux à l'occasion d'une rencontre en mars des "Amis du Yémen".
Le pouvoir et les rebelles chiites s'emploient à consolider la trêve décrétée vendredi au terme de six mois de combats qui ont marqué un nouvel épisode dans un conflit récurrent ayant fait depuis 2004 des milliers de morts.
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