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Il n'y aura pas de normalisation Israël-Turquie si l'Etat hébreu refuse une commission d'enquête indépendante

Il devra s'agir d'une enquête de l'ONU sur le raid meurtrier d'Israël contre la flottille d'aide à Gaza, a déclaré lundi le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu.La France et la Grande-Bretagne avaient déjà demandé dimanche une enquête internationale sur le raid meurtrier sur la flottille pour Gaza.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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Navire de guerre israélien arrivant au port d'Ashdod (sud d'Israël) le 5 juin 2010 (AFP - MARCO LONGARI)

Il devra s'agir d'une enquête de l'ONU sur le raid meurtrier d'Israël contre la flottille d'aide à Gaza, a déclaré lundi le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu.

La France et la Grande-Bretagne avaient déjà demandé dimanche une enquête internationale sur le raid meurtrier sur la flottille pour Gaza.

Les militants propalestiniens arraisonnés samedi sur un nouveau navire, le Rachel Corrie, ont tous été expulsés, ont indiqué les autorités israéliennes.

Le Rachel Corrie, un cargo irlandais de 1200 tonnes arraisonné samedi, transportait de l'aide humanitaire pour Gaza ainsi que onze passagers, cinq Irlandais et six Malaisiens, et huit membres d'équipage, six Philippins, un Cubain et le capitaine écossais.

Huit Turcs et un Américain d'origine turque ont été tués le 31 mai sur le "Mavi-Marmara", principal bateau d'une "flottille de la liberté" composée de six navires, dont l'abordage dans les eaux internationales par des commandos israéliens a soulevé un tollé international.

Israël soutient que ses soldats ont fait feu en état de légitime défense après avoir été attaqués par des activistes propalestiniens armés de bâtons et d'armes blanches. La flottille tentait de s'approcher des côtes de Gaza pour y décharger de l'aide, alors que le petit territoire palestinien est soumis à un très strict blocus israélien depuis qu'il est contrôlé par le Hamas.

Le Croissant rouge iranien annonce l'envoi de trois bateaux pour Gaza
Alors qu'Israël est décidé à empêcher toute tentative de briser le blocus qu'il impose à Gaza, le croissant rouge iranien a annoncé lundi son intention d'y envoyer trois bateaux et un avion chargés d'aide humanitaire.

"Nous sommes en train de louer deux bateaux dont l'un transportera 70 travailleurs humanitaires, infirmiers et médecins et l'autre des médicaments et de la nourriture" pour la population de Gaza, a déclaré le directeur international du croissant rouge, Abdolrauf Adibzadeh, à la télévision d'Etat.

Il a ajouté que les deux bateaux partiraient "d'ici à la fin de la semaine" et que cet envoi se fera en "coordination avec le gouvernement turc. Nous allons également envoyer un bateau hôpital vers les côtes de Gaza dans un avenir proche". Selon lui, le croissant rouge iranien va également "envoyer un avion chargé de 30 tonnes d'aide humanitaire à Gaza via l'Egypte".

Pressions pour une enquête internationale
Les appels internationaux en faveur d'une commission d'enquête indépendante comptant des observateurs étrangers se sont multipliés ces derniers jours.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a contacté le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu pour évoquer la mise en place d'une commission d'enquête incluant des représentants des Etats-Unis, de Turquie et d'Israël

La France et la Grande-Bretagne ont insisté dimanche sur la nécessité d'une enquête "internationale", par la voix des ministres des Affaires étrangères des deux pays, Bernard Kouchner et William Hague, qui se sont entretenus dans la soirée à Paris. Bernard Kouchner a aussi proposé que l'UE assure le contrôle des navires de marchandises voulant se rendre à Gaza et qu'elle gère le point de passage de Rafah entre l'Egypte et Gaza.

Plus tôt, le président Nicolas Sarkozy avait invité Benjamin Netanyahu, avec qui il s'est entretenu au téléphone, à accepter "une enquête crédible et impartiale". La France est prête à participer à une enquête.

Dans la soirée dimanche, le cabinet de sécurité israélien s'est réuni pour réfléchir à comment répondre aux critiques internationales.

"Lors de ces discussions le Premier ministre a souligné qu'Israël a agi dans cette affaire comme tout pays menacé par des milliers de roquettes et de missiles", a indiqué le communiqué du bureau de Benjamin Netanyahu sans donner d'autres détails.

"Le Premier ministre s'est entretenu dans la soirée notamment avec le vice-président américain Joe Biden ainsi qu'avec le président français Nicolas Sarkozy", a également indiqué le communiqué.

Les dirigeants israéliens favorables à une enquête sur ce raid qui a fait neuf morts, des passagers turcs, estiment qu'Israël est en mesure de prouver à la communauté internationale que ses commandos de marine ont été confrontés à un noyau dur d'activistes décidés à en découdre.

Le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu, a déclaré sur CNN qu'Ankara insisterait pour la mise en place d'une commission indépendante, en laissant entendre que le rejet israélien d'une enquête internationale montrerait que l'Etat juif veut dissimuler les faits précis du raid.

"Nous voulons connaître les faits. Si Israël refuse, (...) c'est une preuve supplémentaire de sa culpabilité. Ils ne sont pas assez sûrs d'eux pour affronter les faits", a-t-il dit.

Les occupants du "Rachel-Corrie" tous expulsés
Samedi, un autre navire, le "Rachel-Corrie", venu d'Irlande a aussi tenté de forcer le blocus de Gaza. L'armée israélienne l'a arraisonné dans les eaux internationales et est intervenue à bord sans incident. Le bateau a été dérouté vers le port israélien d'Ashdod. Avant l'opération, les personnes présentes à bord avaient insisté sur le caractère pacifique de leur mission.

Tous les passagers ont été expulsés, a annoncé le service israélien de l'immigration. Les cinq Irlandais, derniers à partir, ont pris un avion tôt lundi.

La cargaison du navire, dont du matériel médical ou scolaire et des jouets devait être transférée à Gaza via le terminal routier transfrontalier, ont promis les autorités israéliennes. A l'exception du ciment, Israël interdisant l'entrée des matériaux de construction.

Le "Rachel-Corrie" tient son nom d'une militante pacifiste américaine écrasée en 2003 par un char israélien dans la bande de Gaza.

Appels à la levée du blocus

L'ONU, l'Union européenne et la Russie ont appelé à l'ouverture immédiate de Gaza. De leur côté, les Etats-Unis ont souligné vendredi soir que le blocus n'était plus tenable.

Israël affirme pour sa part que ce blocus est indispensable pour éviter que des armes et des équipements militaires parviennent aux islamistes du Hamas, qui contrôlent le territoire côtier depuis juin 2007.

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