Inde : la chute vertigineuse d'Adani, le conglomérat indien dont la capitalisation a fondu de 100 milliards d'euros en une semaine
Cent milliards d'euros : c'est la capitalisation boursière perdue en une semaine par l'un des plus grands conglomérats indiens, le groupe Adani. Fondé par l'un des hommes les plus riches d'Asie, Gautam Adani, le groupe est en crise depuis la publication d'un rapport (en anglais) d'une firme américaine d'investissement. Il l'accuse de fraude et de manipulation boursière. Et cette perte de confiance pourrait se propager, alors que le francais TotalEnergies a fortement investi dans le groupe, comme d'autres multinationales.
Les actions des neuf sociétés d'Adani cotées en bourse ne cessent de couler, entre 5 et 20% par jour – en tout, le groupe a perdu environ la moitié de sa valeur en bourse en une semaine, soit 100 milliards d'euros, emportant ses actionnaires. Le français TotalEnergies qui a fortement investi dans deux de ses sociétés cotés a ainsi perdu 10 milliards d'euros.
C'est une chute aussi fulgurante que son ascension : le groupe Adani était un conglomérat de taille moyenne il y a encore quelques années, spécialisé dans les ports et le charbon. Mais son expansion a été rapide après l'élection de Narendra Modi au poste de Premier ministre de l'Inde, car son PDG Gautam Adani en est très proche. En neuf ans, la multinationale a obtenu énormément de contrats publics, pour devenir le numéro un dans l'énergie solaire, les ports ou les aéroports, et a même racheté une chaîne de télévision. C'est le Bolloré indien, en quelque sorte, mais en bien plus riche : Gautam Adani était il y encore deux semaines le troisième homme le plus riche du monde.
Une chute libre après de graves accusations
La société américaine d'investissement Hindenburg Research a publié le 24 janvier un rapport fouillé qui explique comment la famille Adani aurait utilisé des sociétés écrans dans des paradis fiscaux pour investir de manière douteuse dans son groupe et faire gonfler illégalement son cours de bourse, faisant ainsi bondir les actions du conglomérat de 800% en deux ans seulement. La proximité de Gautam Adani avec le pouvoir lui aurait permis d'échapper aux poursuites. Le groupe dément ces accusations, mais les banques étrangères, qui ont fourni une grande partie des emprunts d'Adani, perdent progressivement confiance. Le Crédit Suisse a ainsi cessé d'accepter les obligations du groupe. Or, Adani a plus de 20 milliards d’euros de dettes, et son manque de liquidités pourrait heurter la croissance indienne. L'opposition politique a déjà demandé une enquête parlementaire sur ces allégations, et accuse le gouvernement de Narendra Modi d’avoir fermé les yeux sur cette fraude.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.