Cet article date de plus de dix ans.

La dépénalisation de l’homosexualité n’est pas pour demain en Inde

Retour à la case départ pour les militants des droits homosexuels en Inde. La cour suprême a en effet cassé un jugement rendu par la haute cour de justice de Delhi. Cette dernière avait dépénalisé l’homosexualité en 2009.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
Photo prise le 25 novembre 2013, lors de la gay pride de New Delhi. (AFP/Sajjad Hussein)

Le gouvernement indien le reconnaît. Il lui faut trouver une porte de sortie dans ce dossier, pour que l’Inde soit enfin au niveau des nations occidentales en ce qui concerne les droits homosexuels.
«Nous devons décriminaliser les relations entre adultes consentants», a déclaré le ministre de la Justice, Kapil Sibal.
 
Sonia Gandhi, la présidente du parti du Congrès, au pouvoir en Inde, a fait part de sa déception. Elle attend que le Parlement indien soutienne les droits de tous les citoyens, y compris homosexuels.
 
La cour suprême a surpris tout le monde, mais elle a juste rappelé la loi. Et plus particulièrement l’article 377 du code pénal indien. Il date certes de l’ère coloniale mais, malgré ses 150 ans, il est toujours en vigueur.

Cet article punit de dix ans de prison les «actes contre-nature». L’homosexualité y est rangée, et le jugement de la haute cour de Delhi de 2009 a été cassé. La cour suprême dans ses attendus rappelle que ce n’est pas une catégorie de la population qui est visée. Ce sont les actes commis qui sont répréhensibles, y compris chez les hétéros.
 
Les plus outrés sont bien sûr les organisations de défense des droits des homosexuels. Ces derniers temps, le pays suivait une voie plus progressiste qui laissait à penser que la dépénalisation était acquise. Un article de Rue89 daté de 2011 se faisait l’écho de ce changement. Les activistes LGBT parlent d’un «jour noir».
 
A l’opposé, les conservateurs religieux : hindous, chrétiens et musulmans se réjouissent de cette décision. C’est eux qui avaient contesté la décision du tribunal de Delhi.
 
Et maintenant ? A quelques mois des élections générales qui se tiendront au printemps 2014, la question est pour le moins sensible. Selon un sondage évoqué par Le Monde, 70% des Indiens sont opposés à l’homosexualité. Il est peu probable que le parlement légifère. Peu probable aussi que les politiciens se mouillent.

Il reste aux militants la voie de la requête en révision devant la cour suprême.

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