Droits des femmes : "Je continue et je continuerai", promet l'Iranienne Narges Mohammadi, provisoirement libérée
Depuis 26 ans, l'Iranienne Narges Mohammadi enchaîne les peines de prison. Libérée provisoirement de prison pour raisons médicales, la prix Nobel de la paix 2023, assure toutefois qu'elle continuera son combat, mercredi 8 janvier sur France Inter. "J'ai été arrêtée treize fois ces dernières années, j'ai été jugée à neuf reprises et j'ai des affaires qui sont en cours, pour lesquelles je vais avoir d'autres procès", a-t-elle mentionné.
"La République islamique ne s'est pas contentée de me priver de mes droits civiques. Elle a essayé de me faire taire en me mettant en prison", a ajouté la militante qui a reçu l'an dernier le prix Nobel de la paix pour son combat contre l'oppression des femmes en Iran et pour la promotion des droits humains. "Les murs de la prison n'ont pas réussi à me faire taire et encore aujourd'hui, je sais que les activités que je mène, les entretiens que j'ai avec les instances internationales ou que j'accorde aux médias étrangers peuvent avoir des conséquences mais je ne crains absolument pas ces conséquences. Je continue et je continuerai. Il ne s'agit pas seulement de défendre des droits féminins (…), il faut comprendre que c'est notre moyen de parvenir à la démocratie".
"Sans les droits des femmes, il n'y aura pas de démocratie en Iran."
Narges Mohammadi, prix Nobel de la paixà franceinfo
Narges Mohammadi a passé une large partie de la dernière décennie en détention et n'a pas vu grandir ses jumeaux, Ali et Kiana Rahmani, qui vivent en exil à Paris avec leur père, depuis dix ans. La dernière fois qu'elle les a vus, ils avaient 8 ans et demi."Quand je les ai revus, ça été un choc immense de voir à quel point ils ont grandi, je n'en suis pas revenue en les voyant sur mon téléphone, a-t-elle confié. La dernière fois que j'ai été arrêtée avant qu'ils ne quittent l'Iran, je me demandais tout le temps en prison combien de temps j'allais pouvoir supporter l'éloignement de mes enfants. Je sais que cette décision a engendré une souffrance très profonde pour Ali et Kiana et je sais que cette souffrance est dans les profondeurs de leur être", a reconnu la militante de 52 ans. "Ce qui m'étonne, c'est leur engagement dans le mouvement 'Femmes, vie, liberté', le soutien qu'ils expriment au combat des Iraniens à l'intérieur de notre pays. À la fois, je suis fière d'eux et je suis triste aussi que ma vie les ai fait quitter l'enfance trop tôt".
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