En Iran, les sanctions font monter le prix du poulet
L'Iran est soumis à des sanctions de l'ONU ainsi qu'à un embargo bancaire occidental mis en place depuis 2010 par les Etats-Unis et l'Union européenne. En cause, le refus de Téhéran de cesser ses activités nucléaires sensibles. Les sanctions économiques occidentales, qui visent à réduire les exportations de pétrole et à empêcher dans le même temps les transactions de pétrodollars, affectent directement le cours de la monnaie iranienne.
Les sanctions ont-elles un effet ?
«Le taux de change du rial iranien est un bon indicateur pour répondre. Quand le président Obama a signé le Comprehensive Iran Sanctions, Accountability, and Divestment Act, en Juillet 2010, le taux de change officiel du rial iranien contre le dollar était très proche du taux du marché noir. Mais les taux du marché officiel et du marché noir ont divergé toujours plus depuis juillet 2010. Avec une chute spectaculaire de la valeur du Rial iranien, le taux de change au marché noir est maintenant 52% plus bas que le taux officiel. Quand une monnaie s’effondre, on peut être certain que d’autres indicateurs économiques vont aussi dans le sens négatif. J’estime que l’Iran connaît un taux d’inflation annuel de 71%», affirmait l’économiste américain Steve Hanke sur le très «libéral» (au sens français) site Contrepoints.
«L'inflation est officiellement de 22%, ce qui est très élevé et dans certains domaines, elle encore plus forte», reconnaît simplement Téhéran.
Hausse du prix du poulet de 30% en une semaine
Le prix de la volaille est un bon indicateur pour avoir une idée de comment les sanctions internationales affectent les Iraniens ordinaires. Ainsi, un retard dans l’importation des stocks d’alimentation, résultant des sanctions, «a fait augmenter le prix du poulet de 30% durant la seule dernière semaine», rapportait le site Slate, citant le Financial Times.
«Je n’ai pas pu acheter de poulet depuis un mois, alors que c’est la base de notre alimentation. On le retrouve dans la plupart de nos plats. Et en travaillant de 8h à 18h, je ne suis pas en mesure d’aller faire la queue dans les centres gouvernementaux qui proposent des poulets à prix réduits», raconte une femme de Téhéran, citée sur France24.,
Autre conséquence, de nombreux Iraniens qui comptaient partir en vacances pour de lointaines destinations doivent renoncer à leur projet, les voyages devenant de plus en plus chers. Et ceux qui ont de la famille à l'étranger, notamment leurs enfants étudiants, ont de plus en plus de mal à leur envoyer de l'argent.
Forte hausse du chômage
La principale richesse du pays, le pétrole, est victime des restrictions internationales. Un important député conservateur, Mohammad Reza Bahonnar, a déclaré que l'Iran avait exporté en juin-juillet «environ 800.000 barils par jour» contre environ 2,3 millions il y a un an, selon l'agence Isna. Ces chiffres sont proches de ceux évoqués par l'Opep et l'Agence internationale de l'énergie. Mais le ministre du Pétrole, Rostam Ghassemi, a affirmé, selon l'agence iranienne, que la production pétrolière serait au total cette année «identique à celle de l'an passé».
Des signes vont à l'encontre de l'optimisme des autorités. Des énormes réservoirs seraient en construction dans le pays pour stocker les surplus de production. La capacité de stockage de ces réservoirs devrait s'élever à 10 millions de barils de pétrole. Si la National Iranian Oil Company n'a annoncé aucune date de fin de travaux pour l'ensemble des réservoirs, elle a assuré en revanche que l'Iran devrait pouvoir stocker quatre millions de barils supplémentaires d'ici l'automne 2013, rapportait le site Zonebourse.
Le président du Parlement, Ali Larijani, a tiré la sonnette d'alarme. «Selon les statistiques, il y a une forte hausse du chômage. Il faut trouver une solution». Preuve que le pays est bien touché par les sanctions, le N°1 iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a souligné que le pays avait adopté une «économie de résistance» face aux sanctions.
Le sous-secrétaire américain au Trésor chargé du renseignement financier et de la lutte antiterroriste, David Cohen, a déclaré en septembre que les sanctions économiques commençaient à «étrangler» l'économie iranienne. Il a précisé que la chute des exportations pétrolières coûtait à l'Iran «jusqu'à 5 milliards de dollars par mois, ce qui oblige le gouvernement à faire des coupes dans le budget».
La France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne veulent faire adopter le 15 octobre de nouvelles sanctions contre les secteurs de l'énergie, des finances, du commerce et des transports pour accentuer la pression contre Téhéran. Pas sûr que ces mesures aient un effet sur le pouvoir à Téhéran : «La République islamique prend ses décisions uniquement en fonction de l'intérêt du peuple et du pays, même si ces décisions provoquent la colère de toutes les puissances mondiales», avaient lancé Ali Khamenei à la mi-septembre.
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