Reportage "Ici, tout est contrôlé, il n'y a rien" : la jeunesse désabusée de Téhéran avant l'élection présidentielle en Iran

Après la mort du président Ebrahim Raïssi, tué dans un accident d'hélicoptère, le 19 mai, les Iraniens sont appelés aux urnes dans un climat politique incertain.
Article rédigé par Christian Chesnot - Romain Luquiens
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Des femmes passent devant les affiches électorales du candidat réformateur iranien Massoud Pezeshkian dans une rue de Téhéran, le 26 juin 2024, avant l'élection présidentielle. (RAHEB HOMAVANDI / AFP)

Dans ce quartier du centre de Téhéran, les jeunes se retrouvent pour échapper à la morale rigoriste du pouvoir. Tous le confient : ils souffrent de la déconnexion de l'Iran vis-à-vis de l'extérieur. En Iran, le vote de la jeunesse à la présidentielle, vendredi 28 juin, sera l’une des clés du scrutin.

Dans ce pays de 85 millions d’habitants, dont 60% a moins de 30 ans, beaucoup de jeunes sont désabusés : la répression contre le port du voile obligatoire, la censure au quotidien et l’absence de perspective professionnelle ont sonné les illusions de beaucoup d’entre eux. Au Nook Café, Babak, un informaticien, déguste son expresso avec un ami. Il n'en peut plus de l'isolement de son pays.

"Nous sommes comme une petite île. L'Iran est accroché à la Russie, à la Chine... Il faut casser cela. Il faut faire effondrer cette île et, au contraire, il faut se connecter aux autres pays du monde".  

Babak, un jeune Iranien

à franceinfo

"Voter, c'est un devoir religieux"

De l'autre côté de la rue, au Type café, Chirine, qui travaille dans les nouvelles technologies, dévore son omelette aux épices orientales. Aujourd'hui installée en Autriche, elle a convaincu son petit ami de la rejoindre car elle ne supporte plus la censure du pouvoir. "Je travaillais ici pendant deux ans pour une compagnie allemande et le débit d'Internet a été réduit de plus en plus. Je ne pouvais plus travailler ! Tout est contrôlé, WhatsApp est fermé, Telegram aussi, Instagram pareil... Il n'y a rien", s'agace-t-elle.

Dans le camp des soutiens au régime, changement d'ambiance : on se mobilise. Zahra, femme au foyer, estime que le moment est grave pour le pays. Pour elle, se rendre aux urnes, c'est plus qu'un acte politique : "Selon le Guide suprême, voter, c'est un devoir religieux. Il faut aller aux urnes, car nous sommes sous des sanctions très strictes. Il faut s'attaquer à ce problème. J'espère que la situation va s'améliorer". 

La précédente élection présidentielle en 2021 avait été marquée par un taux d'abstention record depuis la Révolution islamique. La jeunesse avait déserté les bureaux de vote. Mohamed, un retraité de l'enseignement, dénonce ceux qui voudraient encore une fois bouder les urnes : "Il y a le chemin de la sagesse et celui du péché".

"La sagesse, c'est ce que le Guide suprême prêche contre les péchés des réseaux sociaux qui prônent l'abstention".

Mohamed, partisan du régime iranien

à franceinfo

Pour les partisans du régime. Le plus important est d'assurer la continuité politique du président Raïs, décédé dans un accident d'hélicoptère.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.