"Ce sont tous les mêmes !" : en Iran, les jeunes peu mobilisés avant les élections législatives

Vendredi, ce sont les premières élections nationales en Iran depuis le mouvement "Femmes, vie, liberté" qui a secoué le pays après la mort en 2022 de Mahsa Amini. Mais le scrutin ne passionne pas les Iraniens et l'abstention des jeunes s'annonce particulièrement forte.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un homme devant des affiches de campagne, quelques jours avant les élections législatives iraniennes du 1er mars 2024, à Téhéran. (FATEMEH BAHRAMI / ANADOLU)

Le long des grilles de l'université de Téhéran, les affiches des candidats sont placardées partout. Mais aucun d'entre eux ne trouve grâce aux yeux d'Ali, 24 ans. "Moi ? Non, je ne vais pas voter, raconte-t-il. Avant, on votait, on attendait que les promesses se réalisent mais elles n'ont pas été tenues."

Le 1er mars, les Iraniens ont appelés aux urnes. Il s'agit de renouveler le Parlement ainsi que "l'Assemblée des experts", un organe notamment chargé de désigner le guide suprême de la République islamique, une fonction occupée aujourd'hui par Ali Khamenei, âgé de 85 ans.

Malgré l'enjeu, le scrutin semble ne pas intéresser beaucoup les Iraniens, et en particulier les jeunes. Cette année, Ali ne se déplacera d'ailleurs ni pour les conservateurs, ni pour les réformateurs. "Ce sont tous les mêmes ! Lorsqu'ils arrivent au pouvoir ils ne pensent qu'à leur proches et deviennent des privilégiés. Et nous, le peuple, on a les poches vides."

À l'entrée de la faculté, surplombée par un immense portrait du guide suprême Ali Khamenei et de son prédécesseur l'Ayatollah Khomeini, Sarah discute avec des amis. Demain, elle se rendra aux urnes, mais ne donnera sa voix à personne : "Je vais voter blanc parce qu'il n'y a pas de candidat compétent, selon moi. C'est une sorte de vote contestataire."

Un rejet général

À ses côtés, Amir assure qu'il ne fait pas davantage confiance aux réformateurs et aux modérés qu'aux conservateurs. Pour lui, "ils ne sont que des représentants de l'État iranien et de son idéologie. Et c'est justement cette idéologie qui pose problème au peuple."

Le rejet semble général parmi les jeunes éduqués. Dans une librairie de la capitale, aux rayons chargés de volumes luxueusement reliés, Djamal Hadiyan, candidat indépendant sur une liste modérée, reconnaît le désintérêt de la jeunesse pour le scrutin : "La participation sera très probablement plus faible que la dernière fois.

"Une partie de notre population - surtout parmi les jeunes - est dégoûtée. Mais on n'obtiendra rien en boudant les urnes"

Djamal Hadiyan, candidat indépendant sur une liste modérée

à franceinfo

"Avec l'élection de seulement quelques députés de notre liste, on peut redonner de l'espoir en un changement", assure le candidat.

Depuis l'élection du président Ebrahim Raïssi, en 2021, tous les pouvoirs sont entre les mains des conservateurs. De nombreuses figures de l'aile réformatrice de la République islamique ont été empêchées de se présenter à ces législatives. C'est le cas notamment de l’ancien président Hassan Rohani (2013 - 2017), disqualifié d'avance. Une partie du camp réformateur appelle au boycott des élections.

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