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Iran: l’ex-président Ahmadinejad publie une lettre à Trump et défie Ali Khamenei
L’ancien président iranien Mahmoud Ahmadinejad fait un retour surprise sur la scène politique. Il a adressé une lettre ouverte au très contesté président Américain Donald Trump. Un texte empreint d’un ton mystique dans lequel il se livre à un étrange exercice de séduction et de recommandations critiques à la fois. Un geste qui intervient à moins de trois mois de l’élection présidentielle en Iran.
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L’ancien président ultraconservateur iranien Mahmoud Ahmadinejad prépare-t-il son retour sur la scène politique nationale et internationale? Il vient en tout cas d’effectuer une partie du trajet en publiant sur les réseaux sociaux une lettre ouverte au nouveau président américain Donald Trump.
Ahmadinejad se rappelle au bon souvenir de l'administration américaine
Ignorant le concert de contestations qui accompagne le successeur de Barack Obama depuis son entrée en fonction à la Maison Blanche, l’ancien président iranien aux deux mandats, de 2005 à 2013, a pris sa plus belle plume pour se rappeler au bon souvenir de la nouvelle administration américaine.
Dans un très long texte empreint de mysticisme et saturé de références à Dieu, Mahmoud Ahmadinejad se livre à un périlleux exercice de séduction, doublé d’une approche critique de la politique américaine.
«Votre excellence a décrit honnêtement le système politique des Etats-Unis et sa structure électorale comme corrompus et contre les intérêts publics», constate l’ancien chef de l'Etat iranien, reconnaissant des vertus à Donald Trump.
Dans sa lettre publiée en persan et en anglais sur son site internet, Ahmadinejad en conclut que «le système électoral américain a pendant des décennies asservi les voix du peuple au profit d’une certaine minorité», soulignant que les Etats-Unis souffraient de la corruption de ses élites.
Une demande à Trump de mettre fin à«l'arrogance» de ses prédécesseurs
L’ancien président iranien, dont la réélection contestée en 2009 avait provoqué une contestation très vite et sévèrement réprimée, profite de son courrier pour exhorter le président Trump à mettre fin aux interventions américaines au Moyen-Orient et à «l’arrogance» de ses prédécesseurs.
Concernant le décret de Trump interdisant l’entrée aux Etats-Unis de ressortissants de sept pays musulmans dont l’Iran, Ahmadinejad se contente de rappeler que la présence d’un million d’Iraniens sur le sol américain «a joué un rôle majeur dans le développement des Etats-Unis».
Là où il se montre plus mordant en revanche, c’est lorsqu’il note que «les grands hommes dans l’Histoire ont fait preuve du plus haut respect à l’égard des femmes» alors que le destinataire de sa lettre est fortement critiqué pour ses propos désobligeants et sexistes à l’égard des femmes en général.
Mahmoud Ahmadinejad qui ne joue plus de rôle déterminant en Iran est coutumier de ce genre d’initiatives épistolaires. Il avait déjà écrit aux présidents Barack Obama et George Bush ainsi qu’à la chancelière allemande Angela Merkel.
Mais cette fois-ci, son geste intervient à moins de trois mois de l’élection présidentielle iranienne, prévue pour le 19 mai 2017, et pour laquelle le président sortant Hassan Rohani s’est déjà porté candidat.
Un défi au Guide qui lui déconseillait de briguer un troisième mandat
Difficile de savoir si Mahmoud Ahmadinejad est en mission commandée ou s’il poursuit une stratégie personnelle, défiant la volonté du Guide suprême Ali Khamenei. Le 26 septembre 2016, ce dernier lui avait pourtant déconseillé de faire acte de candidature.
Alors que des rumeurs persistantes faisaient état à ce moment de la volonté de l’ancien président de briguer un troisième mandat, l’ayatollah Khamenei avait tenu un discours à ce propos devant ses disciples.
«Un monsieur (Mahmoud Ahmadinejad) est venu me voir, leur avait raconté le guide suprême. Compte tenu de ses intérêts à lui et des intérêts du pays, nous lui avons dit: "Je ne trouve pas bien que vous y participiez"», avait-il ajouté.
«Si vous y participez, le pays sera polarisé et cela est une mauvaise chose», avait encore argumenté Ali Khamenei, soulignant qu’il ne s’agissait ni d’un «ordre» ni d’une «instruction», mais plutôt d’un «conseil».
Des médias officiels du régime tels que l'agence Fars ou le quotidien anglophone Teheran Times ont toutefois publié la lettre dans son intégralité, sans manifester d'opposition particulière à la démarche du président désavoué.
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