Le point sur la lutte au sein du pouvoir iranien
Elections, premières tendances
Le premier tour des élections législatives, qui a eu lieu début mars, n'a pas donné de résultats clairs. La majorité des 225 sièges attribués au parlement (Majlis), dont 206 aux conservateurs, l'ont été à de nouveaux venus.
Seule certitude, avant le second tour qui aura lieu fin avril (pour 65 sièges en jeu), les critiques les plus virulents d'Ahmadinejad ont été battus. La position de ce dernier, en conflit avec le guide suprême Ali Khamenei, s'est donc raffermie.
Nouveau rebondissement, le 5 mars. Un groupe de députés sortants ont accusé le gouvernement de ne pas avoir remis au Trésor public une somme de 3 milliards d’euros tirés des revenus du pétrole. Ils menaçent Mahmoud Ahmadinejad d'une procédure de destitution s'il ne parvient pas à apporter de réponses convaincantes.
Les Iraniens votent pour une ligne dure
CBSNEWSONLINE, le 2 mars 2012
La montée en puissance
Fils de forgeron, à l'aise avec les classes populaires, Mahmoud Ahmadinejad crée la surprise, en 2005, lorsqu'il est élu président de la République. En 2009, il est allié avec le guide suprême pour réprimer la révolution « verte ».
Même si les déshérités restent ses plus fidèles partisans, son populisme économique a nourri l’inflation et vidé les caisses. Numéro deux du régime, il a imposé la vision d’un nationalisme qui peut se passer du clergé chiite dirigé par Ali Khamenei.
En avril 2011, la crise éclate
Accusé «de déviance» par une majorité de conservateurs, il s'est d'abord vu refuser par Ali Khamenei le limogeage du ministre du renseignement, Heydar Moslehi, considéré comme un proche du guide. Moslehi avait auparavant tenté de pousser dehors le principal conseiller d'Ahmadinejad, Esfandiar Mashaie, un homme ambitieux. Depuis, Mahmoud Ahmadinejad est l’objet d’attaques multiples.
Quel rôle pour les pasdarans?
Autre force essentielle dans le processus politique, les gardiens de la révolution (ou pasdarans), corps créé en 1979 par le fondateur de la République islamique, l'imam Khomeiny, qui se méfiait de l'armée. Cette structure militaire compte 130.000 hommes, auxquels s’ajoutent les bassidji. Son influence s’exerce à tous les niveaux de l’Etat, que ce soit sur le plan politique ou économique. Il contrôlerait quelque 800 sociétés.
Aujourd'hui, les pasdarans semblent divisés entre le "guide" et le président qui est issu de leurs rangs.
Une alliance forcée
Face aux pressions internationales contre l'Iran, en raison du contexte nucléaire, il est peu vraisemblable que le guide suprême se débarrasse d'Ahmadinejad qui, aux yeux de l'étranger, est le seul interlocuteur de la République islamique. D'autant plus que les deux hommes sont d'accord sur les dossiers essentiels, comme le nucléaire comme sur la Syrie. Et, sur le plan intérieur l'appétit de pouvoir du président paraît plus facilement canalisable que les manifestations des réformateurs.
Sitôt le second tour des législatives achevé fin avril, le monde politique iranien aura les yeux tournés vers 2013, l'année de l'élection présidentielle. D'autant, qu'en vertu de la Constitution, Mahmoud Ahmadinejad ne pourra pas se présenter pour effectuer un troisième mandat.
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