Témoignage "Au lieu d'essayer de négocier, isolez ce régime" : l'appel d'un jeune opposant iranien, deux ans après la mort de Mahsa Amini

Ce jeune habitant de Téhéran se fait appeler "Decado". Il assure que la culture de la désobéissance fait partie du quotidien en Iran. L'activiste appelle la communauté internationale à durcir ses relations avec le régime des mollahs.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le portrait de la jeune Kurde iranienne Mahsa Amini dans un mémorial, lors d'une manifestation pour marquer les deux ans de sa mort, le 15 septembre 2024 à Cologne (Allemagne). (YING TANG / NURPHOTO)

Deux ans après la mort de Mahsa Amini, cette jeune femme arrêtée pour n'avoir pas porté correctement son voile, le combat des Iraniennes pour la liberté continue, malgré la répression. Cette contestation ne se limite pas à un mouvement féministe, bien au contraire. Des hommes aussi s'engagent contre le régime des mollahs. C'est le cas de ce jeune habitant de Téhéran de 27 ans, qui se fait appeler "Decado", un pseudo.

Pas question de dévoiler son nom. "C'est grâce à ma paranoïa que je suis encore en vie", assure-t-il. Diplômé d'une prestigieuse université de la capitale en technologie de l'information, il se souvient comme si c'était hier de l'arrestation de Mahsa Amini : "Quand j'ai ouvert mon téléphone, j'ai vu son visage, sur ce lit d'hôpital et je me suis dit : cette fille sera la mort de ce régime."

L'étudiant se joint aux manifestations qui secouent le pays, il publie des vidéos pour montrer au monde la brutalité de la répression. Deux ans plus tard, le mouvement est moins visible mais il s'exprime autrement, à travers les grèves des employés du pétrole, des infirmières, et quelque chose a changé dans la société, la culture de la désobéissance fait partie du quotidien.

"Les femmes n'en ont rien à faire de ce que dit le régime."

"Decado", opposant au régime iranien

à franceinfo

"Dans chaque région de ce pays, vous en verrez sans voile ou sans hijab. À Téhéran, c'est plus de 50 à 60%. Ils ne peuvent pas arrêter tout le monde. Donc ils en arrêtent quelques-unes pour effrayer les autres. Ils essaient de nous tuer, ils essaient de faire taire toute une génération, mais ils ont surtout réussi à faire grandir le feu de notre révolte."

Le nouveau président, "une marionnette"

Comme beaucoup de jeunes, Decado n'accorde aucun crédit au nouveau président, Massoud Pezeshkian, pourtant présenté comme un réformateur. "C'est une marionnette, tacle cet opposant. Il dit lui-même que tout ce qu'il dit, tout ce qu'il fait est approuvé par le Guide suprême, que moi j'appelle le perdant suprême."

À tous les étrangers qui le contactent, le jeune homme demande la même chose. "Les Iraniens ont juste besoin d'un coup de pouce. Alors faites pression sur vos gouvernements. Demandez-leur de fermer leurs ambassades. D'inscrire les Gardiens de la révolution sur la liste des entités terroristes. Au lieu d'essayer de négocier, isolez ce régime ! C'est tout ce que le peuple iranien demande depuis plus de deux ans."

"Tôt ou tard, ajoute le jeune activiste, j'assisterai à la chute des mollahs, et ce sera grâce à Mahsa Amini."

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