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Témoignage "C'est un crachat au visage de toutes les femmes" : en Iran, le retour de la police des mœurs fait trembler les opposants au régime

Dissoute en décembre, la police des mœurs est de retour en Iran. Ces hommes du régime patrouillent dans les rues pour sanctionner les femmes qui ne portent pas correctement le voile islamique. Les opposants au régime s'inquiètent, mais continuent leur désobéissance.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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La Gasht-e Ershad, ou "police des mœurs" est née l'année du triomphe de la Révolution islamique en Iran, en 1979. (BEHROUZ MEHRI / AFP)

La police des mœurs, dissoute en décembre par le régime iranien, est de retour en Iran. En décembre 2022, confronté à d'importantes manifestations suite à la mort de Mahsa Amini en septembre, le régime des mollahs avait décidé d'abolir cette "police de la morale". 

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Près de sept mois après l'annonce de sa dissolution, les hommes du régime patrouillent donc de nouveau dans les rues iraniennes pour vérifier, notamment, que les femmes portent correctement leur voile islamique. Ce sont ces mêmes hommes qui avaient arrêté Mahsa Amini pour un voile mal ajusté. La jeune femme était morte après des violences, affirme sa famille, ce que nie la police iranienne, qui évoque une crise cardiaque.

franceinfo a pu échanger avec une femme et un homme qui s'opposent au régime des mollahs. Layla*, 32 ans, fait partie de ces nombreuses iraniennes qui combattent la République islamique depuis l'automne dernier. Elle estime que "le retour de cette unité de police dans les rues est un crachat au visage de toutes les femmes iraniennes. De toutes celles qui ont osé sortir, pour crier liberté, justice, crier leurs droits absolus, pour la façon de s'habiller comme elles veulent", poursuit l'opposante.

"C'est abominable, se désole Layla. Ce qui est inadmissible, c'est le retour en arrière", même si, reconnaît-elle, les Iraniennes et Iraniens ont "l'habitude de ces politiques prises par l'État".

"C'est une sorte de vengeance pour les femmes : vous êtes descendues dans les rues, vous avez remis en question notre saint État, vous allez subir des conséquences".

Layla, une Iranienne opposante au régime

à franceinfo

De lourdes sanctions pour les réfractaires au voile

Le régime a mis en place de nombreuses punitions pour celles qui refusent de se soumettre à l'obligation de porter le voile. Les autorités peuvent arrêter ces femmes, les interdire de conduire, ou même de passer leurs examens à l'université. Plusieurs fois, les hommes du régime ont menacé Layla, qui vit "chaque jour où [elle] sort de chez [elle] sans voile comme un combat. Je ne sais pas ce qui va m'arriver, si un partisan du régime vient s'en prendre à moi en tant que femme. Tu dois te préparer à tout."

Il ne faut pas qu'on lâche, car si on leur obéit, le sang de Mahsa Amini et de tous les Iraniens qui sont morts pour la liberté aura coulé pour rien".

Layla, Iranienne opposante au régime

à franceinfo

Omid*, 19 ans, est un membre actif du mouvement de contestation. Certains de ses camarades de lutte sont toujours en prison. Il constate que la répression s'est renforcée. "Après des mois de révolte, ceux qui ont tué Mahsa Amini sont de retour dans les rues, décrit le jeune homme. Ils sont plus nombreux, plus brutaux aussi, et ça crée une vague de colère dans la population.

"La République islamique n'a pas changé"

Omid rappelle que "beaucoup de gens pensaient que le régime allait s'assouplir, mais en réalité, la République islamique n'a pas changé. Ils sont devenus encore plus cruels, ils arrêtent le plus de personnes possibles pour tuer la révolution dans l'œuf", lance l'opposant au régime des mollahs.

Selon ces deux jeunes Iraniens, les mollahs sont parvenus à mater les manifestations dans la rue qui ont suivi la mort de Mahsa Amini, mais leur espoir de renverser un jour le régime est intact.

* Les prénoms ont été modifiés.

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