Nucléaire iranien: Washington et Téhéran rebattent les cartes de la région
La priorité affichée des Iraniens dans ces négociations était d’obtenir une levée rapide des sanctions américaines et européennes visant le secteur pétrolier et bancaire. L’embargo a provoqué une chute des exportations de pétrole et un recul important de l’activité économique. Cette récession s’est accompagnée d’une forte hausse des prix des produits importés et d’un mécontentement social dans le pays. Cet accord cadre sur le nucléaire, salué par la population iranienne, est aussi un gage de stabilité pour le régime des mollahs.
Les exportations de pétrole, qui représentent 50% des recettes budgétaires, avaient reculé de moitié ces dernières années. Les sanctions n’ont toutefois pas mis à genoux l’économie iranienne : la Chine, le Japon, l’Inde et la Corée du Sud ont continué leurs achats en hydrocarbures.
La réconciliation avec le «grand satan américain»
Cette normalisation annoncée des relations entre l’Iran et les Etats-Unis met fin à 36 années de ruptures diplomatiques, qui ont suivi l’occupation de l’ambassade américaine en 1979. Cette occupation aura été le symbole de cette révolution contre le shah et les Etats-Unis, une révolution nationaliste qui sera rapidement confisqué par les mollahs avec l’instauration d’une théocratie chiite en Iran.
Barak Obama fait aujourd’hui le pari d’une modération du régime iranien. Pour l’administration américaine, la société iranienne est en grande partie favorable à l’Occident, bien plus moderne (malgré la dictature des mollahs) que la société saoudienne. Il est vrai qu’à Téhéran, les femmes travaillent et conduisent, vont à l’université où elles sont majoritaires. Le pays a formé des ingénieurs et des médecins de haut niveau, des intellectuels et des artistes qui aspirent à plus de liberté et de démocratie.
Un renversement d'alliance?
Pour les Etats-Unis, l’Iran est aussi devenu un allié objectif dans la lutte contre Daech (en Irak) et un acteur incontournable dans tous les conflits de la région : en Syrie et au Liban où le guide suprême soutient sans compter Bachar-al-Assad et le Hezbollah. Mais aussi au Yémen, où il conseille la rébellion houthie, et en Afghanistan voisine qui reste à stabiliser.
L’Iran, un allié possible? Une vision combattue à la fois par les conservateurs américains, les Saoudiens et les Israéliens, qui pensent au contraire que cet accord va renforcer le «vieil expansionnisme perse». L’Iran, privé de l’arme nucléaire, n’empêche en rien une guerre conventionnelle dans la région avec son principal ennemi l’Arabie Saoudite. Les Israéliens qui, eux, ont tout intérêt à une neutralisation réciproque des deux frères ennemis de la région, dénoncent une erreur historique.
Avec cet «accord d’étape» qui reste à confirmer, l’Occident espère également revenir sur ce marché de 78 millions d’habitants, au fort potentiel économique. L’Iran possède les secondes réserves de gaz naturel et les troisièmes réserves de pétrole au monde, des ressources minières (zinc et manganèse) qui nécessitent des technologies sophistiquées. Les entreprises américaines et européennes sont d’ores et déjà dans les starkings-blocs pour remettre le pied sur le marché iranien.
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