: Vidéo Coupe du monde 2022 : en Iran, le combat des femmes passe par le football
En Iran, les femmes sont très nombreuses à être passionnées de foot. Mais elles sont interdites de stade depuis la révolution islamique en 1979. Les mollahs considèrent que les femmes doivent être protégées de la vision du corps des hommes. Et fin août, le pays a connu un événement : 500 femmes ont été autorisées à assister un match du championnat local entre Esteqlal, l’un des clubs vedettes du pays, et Mes Kerman.
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Les billets sont partis comme des petits pains. Et on a vu des supportrices pleurer de joie dans le stade, toutes habillées de bleu, c’est le couleur du club. Pour la petite histoire, Esteqlal a gagné 1-0 mais les vrais vainqueurs de la journée, c’était donc les femmes. Le club a tweeté : "Nous sommes ravis de votre présence." L’Iran est l’un de ces pays où le foot déclenche une passion populaire gigantesque, surtout autour des deux clubs phares, Esteqlal donc et Persépolis. Les scènes de liesse sont courantes dans les rues. Le pouvoir se méfie donc de ce sport qui peut engendrer des mouvements de foule.
Protestation contre la répression
Le sujet prend une dimension forte vu que le pays est secoué de manifestations, menées par les femmes depuis la mi-septembre. C'est d'ailleurs une image forte depuis fin septembre, los de leurs matchs de préparation de la Coupe du monde, les footballeurs iraniens, les hommes donc, expriment leur solidarité avec les manifestantes. Au moment de l’hymne national, ils conservent leur parka noire, donc cachent leur maillot, en signe de protestation contre la répression. Pour le premier match au Qatar, les 11 joueurs iraniens se sont abstenus de chanter leur hymne national, lundi 21 novembre, avant le coup d'envoi de la rencontre face à l'Angleterre.
Dans son soutien aux manifestantes, la vedette de l’équipe, Sardar Azmoun, qui joue au Bayer Leverkusen en Allemagne, est même allée plus loin. Sur son compte Instagram, il a écrit : "Vive les femmes d’Iran, honte à vous d’avoir si facilement tué le peuple, je n’ai pas peur d’être évincé." La story Instagram a disparu du compte depuis, mais Azmoun n’a pas été inquiété. Et d’autres footballeurs ont exprimé leur soutien au mouvement de contestation. Notamment l’ancienne vedette Ali Karimi qui a appelé l’armée iranienne à "ne pas laisser couler le sang des innocents". En 2009, lors d’un précédent mouvement de contestation, il avait, avec toute l’équipe iranienne, porté un bracelet vert, le signe de ralliement des opposants.
La FIFA tente de faire lever l'interdiction
Ces dernières années, il y a eu de multiples incidents autour de la présence des femmes dans les stades en Iran. En septembre 2019, par exemple, une jeune femme, Sadar Kodayari, s’est immolée par le feu, après avoir été refoulée du stade. Elle avait cherché à y pénétrer déguisée en garçon. C’était, elle, aussi une supportrice d’Esteqlal. En 2006, le célèbre cinéaste iranien Jafar Panahi avait d’ailleurs imaginé ce genre de scénario dans son film Hors Jeu. Et en mars de cette année, des femmes ont été aspergées de gaz poivré par la police alors qu’elles cherchaient à assister au match Iran-Liban.
Depuis trois ans, la Fédération internationale, la FIFA, fait pression sur la Fédération iranienne pour que soit levée l’interdiction de stade. Mais elle n’a donc été levée qu’à de très rares reprises : fin août pour ce match de championnat, en janvier 2021 pour le match Iran-Irak qualificatif pour la Coupe du monde, en 2019 pour la finale du Championnat d’Asie des clubs entre Persépolis et les Japonais de Kashima. Les footballeurs iraniens vont donc jouer, aussi, pour les femmes.
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