Ce que l'on sait des violences contre des supporters israéliens à Amsterdam en marge d'un match du Maccabi Tel-Aviv
Les autorités israéliennes dénoncent une "attaque antisémite préméditée". Des supporters du Maccabi Tel-Aviv, un club de football israélien, ont violemment été pris à partie en marge du match de Ligue Europa contre l'Ajax Amsterdam, jeudi 7 novembre. La police d'Amsterdam a annoncé vendredi matin avoir procédé à 62 arrestations, tandis qu'Israël a envoyé des avions pour porter assistance à ses ressortissants. Franceinfo vous résume ce que l'on sait des événements de la soirée, qui interviennent sur fond de guerre menée par Israël dans la bande de Gaza et au Liban.
Un match sous haute tension
La rencontre entre l'Ajax Amsterdam et le Maccabi Tel-Aviv faisait l'objet d'un important dispositif policier pour encadrer la venue de supporters israéliens dans la capitale néerlandaise. Dans l'après-midi, une centaine d'entre eux s'étaient rassemblés sur la place du Dam, entourés d'un cordon de forces de l'ordre, avant de se rendre à la Johan-Cruijff Arena, le stade de l'Ajax, dans le sud-ouest de la ville.
Un rassemblement pro-palestinien condamnant la venue du club israélien était initialement prévu aux abords du stade, mais avait été déplacé un peu plus loin par la mairie d'Amsterdam pour des raisons de sécurité. La police néerlandaise avait déclaré, dès jeudi matin sur son compte X, être "particulièrement vigilante" après plusieurs premiers incidents, dont un drapeau palestinien arraché d'une façade "par des inconnus".
De violentes agressions dans les rues de la ville
Après le match perdu par l'équipe israélienne, des affrontements ont éclaté, mais le déroulé des faits n'était pas encore clair, vendredi matin. Des vidéos, notamment relayées par l'ambassade d'Israël aux Etats-Unis sur X, montrent des assaillants, dont certains au visage dissimulé, poursuivant des personnes dans les rues ou les frappant à terre. On peut entendre certains des agresseurs crier "Libérez la Palestine". "Ils ont commencé à nous frapper, ils m'ont cassé le visage, m'ont cassé une dent, m'ont coupé la lèvre. Mon fils a reçu deux coups de poing au visage", rapporte un supporter à la chaîne israélienne Channel 13 News, un témoignage relayé par le quotidien israélien Haaretz.
D'autres vidéos, relayées avant la rencontre par des militants antifascistes néerlandais, montrent un groupe de supporters chantant en hébreu "Finir les Arabes ! On va gagner !" ou encore "Laissons Tsahal gagner pour finir les Arabes", rapporte l'AFP sur X.
Dans la nuit, les forces de l'ordre ont escorté des supporters israéliens jusqu'à leur hôtel, d'après des images partagées par le média local AT5. "Des jeunes auraient également provoqué la police", a ajouté AT5. La police d'Amsterdam a annoncé vendredi matin avoir procédé à 62 interpellations et avoir connaissance de "cinq personnes emmenées à l'hôpital".
De vives condamnations en Israël et dans le monde
Très vite, les autorités néerlandaises ont dénoncé ces violences. Le Premier ministre Dick Schoof a évoqué vendredi matin des "attaques antisémites contre des Israéliens", en les qualifiant d'"inacceptables" sur son compte X. "Je suis en contact étroit avec toutes les personnes concernées. [Benyamin] Nétanyahou a insisté sur le fait que les auteurs de ces actes doivent être recherchés et poursuivis", a-t-il précisé.
Les deux dirigeants se sont entretenus et au cours de cet échange, le Premier ministre israélien a "déclaré qu'il considérait avec gravité l'attaque antisémite préméditée contre des citoyens israéliens et a demandé une sécurité accrue pour la communauté juive des Pays-Bas", selon un communiqué de son cabinet. Le président israélien, Isaac Herzog, a déploré "des images et des vidéos choquantes que nous espérions ne plus jamais voir depuis le 7 octobre : un pogrom antisémite". Emmanuel Macron a aussi "fermement condamné" sur X les "violences contre des citoyens israéliens à Amsterdam" qui rappellent selon lui "les heures les plus indignes de l'Histoire". "La France continuera de lutter contre l'odieux antisémitisme sans relâche", a-t-il aussi dit.
Le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, a quant à lui exhorté les ressortissants israéliens présents à Amsterdam à rester dans leurs chambres d'hôtel après ces attaques. Une consigne finalement amendée vendredi matin, le ministère des Affaires étrangères israélien affirmant que des forces de sécurité avaient été déployées pour leur permettre de se rendre en sécurité à l'aéroport, selon Haaretz. Le nouveau chef de la diplomatie israélienne, Gideon Saar, s'est aussi entretenu avec son homologue néerlandais. Il "va bientôt partir pour une visite diplomatique urgente aux Pays-Bas", ont annoncé ses services vendredi matin.
Le politicien néerlandais d'extrême droite Geert Wilders a, lui, décrit, sur son compte X, "une chasse aux juifs dans les rues d'Amsterdam". "Arrêtez et expulsez les racailles multiculturelles qui ont attaqué les supporters du Maccabi Tel Aviv dans nos rues. C'est honteux que cela puisse arriver aux Pays-Bas. Totalement inacceptable", a-t-il ajouté. En France, Yonathan Arfi, le président du Crif, a critiqué sur RTL "des lynchages antisémites, des supporters pourchassés parce qu'ils sont juifs".
Israël envoie des avions pour aider ses ressortissants
Benyamin Nétanyahou a ordonné vendredi matin l'envoi de deux avions pour rapatrier les supporters israéliens présents à Amsterdam. L'armée israélienne a affirmé, de son côté, préparer "une mission de secours" comprenant un avion-cargo, ainsi que des équipes médicales. Une porte-parole du ministère des Affaires étrangères néerlandais a confirmé que les deux pays avaient discuté de la demande d'Israël d'envoyer deux avions "pour récupérer des civils israéliens". Un premier appareil a décollé de Tel-Aviv dans la matinée de vendredi, et est attendu à Amsterdam en début d'après-midi.
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