Cet article date de plus de neuf ans.

Israël relâche des clandestins africains par centaines

Plusieurs centaines de migrants africains ont quitté le centre de rétention de Holot, dans le désert du Neguev, au sud d'Israël. Leur libération fait suite à une décision de la Cour suprême, alors que le gouvernement cherche à faire partir ces migrants, dont la présence dans le pays est à l’origine de tensions.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
La justice israélienne a ordonné, le 11 août 2015, la libération de centaines de clandestins africains, retenus depuis plus d'un an dans le désert du Néguev.    (MENAHEM KAHANA / AFP)

Quelque 600 immigrés sans papiers ont pris, le 26 août 2015, leur dernier petit-déjeuner au centre de rétention de Holot. Avec un premier contingent libéré la veille, ce sont donc en tout 1.178 immigrés, selon l'autorité pénitentiaire, qui ont été relâchés en deux jours dans le désert du Neguev. La Cour suprême avait ordonné, le 11 août 2015, que les migrants détenus depuis plus d'un an soient libérés sous deux semaines. 
 
Mais ces clandestins, en majorité originaires d’Erythrée et du Soudan, une fois dehors, se retrouvent livrés à eux-mêmes et tentent à l'aide de leur portable de trouver un point chute dans l'urgence. Désemparés, ils leur est interdit de se rendre à Tel Aviv ou à Eilat, pour éviter les tensions avec des résidents israéliens. Ces dernier réclament l’expulsion d'autres immigrés africains déjà installés dans les quartier pauvres du sud de ville. 


Selon Ron Huldaï, maire travailliste de la capitale économique, ils seraient entre 30.000 et 35.000 à Tel Aviv et «chaque année naissent 1.000 enfants de ces immigrés». Pour régler ce problème démographique, l’élu de gauche propose d'accorder des permis de travail aux migrants afin qu'ils puissent se disperser sur tout le territoire israélien et ne plus se concentrer dans la plus grande métropole du pays. «Il faut les traiter comme des êtres humains et ne pas oublier que nos parents et nos grands-parents ont eux aussi été des réfugiés», a-t-il ajouté.
 
Israël abrite 45.000 personnes entrées illégalement, notamment par le Sinaï égyptien, selon de récents chiffres de l'Autorité de la population et de l'immigration. Parmi elles, 33.000 sont venues d'Érythrée, 8.500 du Soudan, 3.000 d'autres pays africains et 500 d'autres pays. Israël ne leur accorde le statut de réfugiés qu'au compte-gouttes.

Pas de «vraie solution de l'Etat»
Cette immigration remonte à plusieurs années. Arrivé en Israël il y a huit ans, Fissel Sidig Adam, un Soudanais du Darfour âgé de 28 ans, attendait en quittant le centre de Holot, une «vraie solution de l’Etat», soit «plus que les 64 shekels (11 euros) et le sandwich qu’on nous a donnés», a-t-il indiqué tout en se disant reconnaissant envers la Cour suprême.

Il s’agit du troisième coup porté en deux ans par la plus haute autorité judiciaire de l'Etat hébreu à la législation sur les migrants africains mise en place par les gouvernements successifs de droite de Benjamin Netanyahu.

Pratiquement plus d'entrées illégales
La construction d'une clôture de sécurité électronique le long des 230 km de frontière avec l'Egypte a réduit pratiquement à néant le nombre d'entrées illégales à partir de la péninsule du Sinaï, en 2013. Contrairement à l’Europe, Israël n'est pas confronté à un afflux de migrants provenant de Libye ou de Syrie, pourtant toute proche, a souligné Sabin Hadad, porte-parole du ministère de l'Intérieur.
 
Après les deux vagues de libération du centre de Holot, le maire d’Arad, ville proche de la mer Morte a mobilisé sa police pour bloquer l’arrivée éventuelle de clandestins en provenance de Holot, située à quelques dizaines de kilomètres. Il se dit prêt à en appeler aux habitants pour «défendre leur ville», prévient Nisan Ben Hamo sur Facebook.

Dans le centre de rétention de Holot où les détenus, libres la journée, doivent pointer à 22H00, il restait 550 migrants africains. Ceux qui sont libres, finiront peut-être par gagner Tel-Aviv ou Eilat...

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.