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Bébés: l'Italie n'en veut pas, la Nouvelle-Zélande ne peut pas!

L’Italie lance un appel au secours pour relancer une courbe démographique en berne. Le 22 septembre 2016 est consacré «jour de la fertilité». Un appel très critiqué dans la péninsule car il ignore le rôle de l’Etat. Manque de bébés également en Nouvelle-Zélande mais pour une autre raison. La procréation médicalement assistée est au plus bas, faute de donneurs de sperme.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Capture d'écran du site Fertilityday (capture d'écran du site  Fertilityday)

L’Italie ne fait plus d’enfants. En 2015, la natalité a atteint un plus bas depuis 1861. La péninsule compte 60 millions d’habitants et n’a connu que 488.000 naissances, soit un taux de fécondité de 1,37 enfant par femme. A titre de comparaison, en France, l’indice de fécondité est de 1,95 et le nombre de naissances en 2015 s’est élevé à 800.000.
 
D’où cette campagne choc lancée par le ministère de la Santé italien. Une série de slogans à mi-chemin entre leçon d’hygiène de vie («ne laissez pas partir vos spermatozoïdes en fumée») et de morale («la beauté n’a pas d’âge, la fertilité si !»). Et, à la clé, une journée nationale dans plusieurs villes du pays pour évoquer les différentes méthodes pour protéger sa fertilité, mais aussi la procréation médicalement assistée.


Mais l’accueil réservé à la campagne a été glacial, les Italiens se sont déchaînés sur les réseaux sociaux pour dénoncer la démagogie du gouvernement. En clair, si la natalité s’écroule en Italie ce n’est pas faute de vouloir des enfants. Cela est surtout dû au manque de moyens publics pour aider les femmes. «Le gouvernement nous encourage à avoir des enfants, or le seul système pour garder les enfants reste les grands-parents», explique au New York Times Vittoria Iacovella, une journaliste mère de deux enfants.
 
En fait, explique une autre, «on attend des mères qu’elles gardent leurs enfants». La maternité s’oppose ainsi au travail, notamment dans les grandes villes où il est difficile de faire garder son enfant. Alors la natalité en pâtit.
 
La Nouvelle-Zélande manque de sperme
A l’autre bout du monde, en Nouvelle-Zélande, la natalité n’est pas en berne. Bien au contraire, le pays affiche un indice de fécondité de 2 enfants par femme. Conséquence inattendue de ce désir d’enfanter, l’attente pour un don de sperme atteint deux ans. Selon le docteur John Peek, directeur du plus grand centre de FIV du pays, Fertility Associates, 80 couples sont inscrits, mais il ya quatre fois plus de demandes d’insémination en attente.
 
Cette pénurie a plusieurs explications. D’une part, un changement dans la législation en 2004, a interdit l’anonymat du donneur. Désormais son nom sera communiqué à l’enfant à sa majorité. D’autre part, le donneur n’est défrayé que de son déplacement à la clinique. Or les visites médicales sont nombreuses et longues pour pouvoir faire un don, et ces journées ne sont pas indemnisées.

La publicité d'un centre d'insémination à la recherche de donneurs. (DR/Fertility Associates)
 
L’autre explication tient dans la demande sans cesse croissante pour la procréation médicalement assistée. Notamment de la part de femmes vivant seule. En 2015, Fertility Associates a traité 300 femmes. Dans ce nombre 40% vivaient seules, et une sur quatre était lesbienne. Le nombre de femmes vivant seules demandant une FIV a doublé en deux ans dans le pays. Selon le docteur Simon Kelly cité par le New Zealand Herald, cela est la conséquence d’un mode de vie où prédomine la carrière professionnelle. Des femmes de 38-40 ans sans partenaire, ou ayant cessé une relation veulent désormais fonder une famille.
 
La demande est telle que la Nouvelle-Zélande envisage désormais d’importer du sperme comme le font déjà l’Australie et l’Angleterre. Mais il faudra que la législation l’autorise. D’ici là, ceux qui rêvent d’enfants devront prendre leur mal en patience…

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