Inauguration du nouveau pont de Gênes : "On oublie un peu qu'il est construit sur les ruines d'une catastrophe", estime une mère d'une victime
Parmi les 43 victimes lors de l'effondrement, il y avait 4 Français. La mère d'une des victimes se sent aujourd'hui "très seule" et ne souhaite pas participer aux festivités liées à l'inauguration du nouveau viaduc.
L'Italie inaugure lundi 3 août un nouveau viaduc à Gênes, deux ans après l'effondrement du pont Morandi qui a fait 43 morts le 14 août 2018. Le chef du gouvernement Giuseppe Conte prononcera un discours et la patrouille acrobatique de l’armée de l’Air survolera la ville vers 18h30, l’heure officielle de l’inauguration. "J'ai l'impression qu'on oublie un peu que le pont est construit sur les ruines d'une catastrophe", a réagi sur franceinfo Véronique Pouzadoux, qui a perdu son fils William, âgé de 22 ans.
"La plaie reste ouverte"
Cette inauguration "c'est un peu trop, mais je m'y attendais un peu. L'Italie a tendance à faire de cette façon, estime Véronique Pouzadoux à franceinfo. C'est très festif, en grande pompe et j'ai l'impression qu'on oublie un peu que le pont est construit sur les ruines d'une catastrophe." Deux ans après, "la plaie reste ouverte. Je fais des cauchemars tout le temps", rajoute-t-elle. Ce nouveau pont est très bien pour les "Gênois, mais pour nous ce sera toujours le symbole du fait que ce pont a été construit grâce à nos enfants."
Les familles de victimes "se sont senties très seules et pour les Français c'est encore pire puisque nous n'étions que quatre, mon fils et trois de ses copains, explique Véronique Pouzadoux. C'est vrai qu'on nous a un peu oubliés, même beaucoup. On nous a juste incités à accepter d'être indemnisés pour qu'on n'entende plus parler de nous après." Selon elle, les familles de victimes n'ont pas vraiment eu le choix : "Quand on a commencé à être virulents on nous a dit que cela allait nous coûter des millions. C'est une torture que d'avoir accepté cette indemnisation. Ce n'est pas ce que je voulais".
L'enquête préliminaire devrait se terminer en octobre 2020, et le procès judiciaire doit commencer au début de l'année 2021. Véronique Pouzadoux ne sera pas présente et sait que son fils et ses amis vont être oubliés. "J'en suis presque certaine. Mais, j'ai l'impression que même les Italiens, qui ont monté une association, doivent se battre comme des fous. Nous on a accepté l'indemnisation donc pour eux on n'existe plus", a-t-elle expliqué. Témoigner est une façon de "parler d'eux au moins une fois par an, même si c'est dur et que cela le sera toujours."
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