Italie : quatre ans après l'effondrement du pont Morandi de Gênes, un procès sous haute tension
Au total, 43 personnes étaient mortes dans le drame. La première audience, purement formelle, s'est tenue au tribunal de la ville. Les débats reprendront en septembre et le procès devrait durer deux ou trois ans.
Les images chocs de l'effondrement du pont de Gênes, dans lequel 43 personnes ont péri, ont fait le tour du monde. Quatre ans plus tard, un procès gigantesque impliquant 59 prévenus s'est ouvert dans cette ville portuaire italienne pour en déterminer les responsabilités, jeudi 7 juillet. Le 14 août 2018, sous une pluie battante, le pont autoroutier Morandi, un axe essentiel pour les trajets locaux et le trafic entre l'Italie et la France, s'était écroulé, précipitant dans le vide des dizaines de véhicules et leurs passagers.
Sous une tente transparente érigée dans la cour du tribunal de Gênes, le juge Paolo Lepri a égrené les noms d'une centaine d'avocats des prévenus et des parties civiles qui y étaient réunis. Les mis en cause, absents de cette première audience purement formelle, sont en particulier poursuivis pour "homicide involontaire", "atteinte à la sécurité des transports" et "faux en écriture publique". Les débats, suspendus pendant l'été, reprendront le 12 septembre. La durée de procès est évaluée à deux ou trois ans.
Cette tragédie a jeté une lumière crue sur le piètre état des infrastructures de transport en Italie et sur le rôle trouble de la société Autostrade per l'Italia (Aspi), accusée de ne pas avoir entretenu l'ouvrage d'art pour faire des économies sur le dos de la sécurité.
Le pont Morandi, "une bombe à retardement"
"Le pont Morandi était une bombe à retardement. Vous pouviez entendre le tic-tac, mais vous ne saviez pas quand elle allait exploser", a déclaré en février Walter Cotugno, l'un des procureurs. Pour lui, il ne fait aucun doute que les dirigeants d'Autostrade et de la société d'ingénierie Spea, chargée de la maintenance, "étaient conscients du risque d'effondrement", mais qu'ils ont rechigné à financer des travaux afin de "préserver les dividendes" des actionnaires.
La plupart des mis en cause sont des cadres et des techniciens des deux sociétés, dont le directeur général d'Autostrade de l'époque, Giovanni Castellucci, ainsi que l'ancien patron de Spea Antonino Galata et des fonctionnaires du ministère des Infrastructures. Si leurs anciens dirigeants se retrouvent sur le banc des accusés, les sociétés Autostrade et Spea échappent en revanche au procès grâce à un accord à l'amiable conclu avec le parquet, prévoyant le paiement de 29 millions d'euros à l'Etat.
>> "Nous avons accepté l'indemnisation, la mort dans l'âme"
Pour Raffaele Caruso, un avocat qui représente le Comité des proches des victimes du pont Morandi, ce pacte "constitue une première reconnaissance de responsabilité" de la part des deux sociétés. Seules deux familles de victimes ont refusé d'accepter les indemnisations proposées par Autostrade, qui a versé 60 millions d'euros au total. Ce sont donc les deux seules familles à assister au procès.
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