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"Tout est arrivé trop tard" : à Gênes, la vie toujours difficile des "déplacés" du pont Morandi

Six mois après l'effondrement d'une partie du pont Morandi, les Italiens qui ont été délogés vivent toujours dans des conditions difficiles. 

Article rédigé par Benjamin Mathieu - Édité par Noémie Bonnin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Une personne prend une photo du démarrage du démontage du pont Morandi, à Gênes, en Italie. (MARCO BERTORELLO / AFP)

En Italie, les habitants des quartiers qui se trouvent sous le pont Morandi à Gênes, se réunissent pour rendre hommage aux 43 victimes de l'effondrement d'une partie de l'ouvrage, jeudi 14 février, comme tous les 14 de chaque mois à 11h36. Depuis l'accident, plus de 600 habitants ont dû être déplacés en attendant que leurs logements soient détruits et pour eux, la vie est toujours difficile.

Devant l’entrée de la "zona rossa", des chasseurs alpins italiens empêchent quiconque d’entrer dans le quartier. Derrière eux, les maisons sont condamnées à la destruction. Sabiano Marinelli énumère les rues désormais inaccessibles, pour lui, les militaires font partie du paysage : "Maintenant on est habitué, ça fait trois mois qu’ils sont là, mais c’est sûr que vu de l’extérieur, les gens doivent se demander ce qu’il se passe ici." 

"Tout est arrivé trop tard"

Le pont traverse la ville d’est en ouest, passant au-dessus du fleuve Polcevera. C’est là que se réunissent les membres du comité Quelli del ponte Morandi ("Les gens du pont Morandi"), qui commémore chaque 14 du mois les 43 victimes de ce drame. Giusy Moretti en fait partie : "C’est une moitié de vie qu’on gagne sur les morts." 

On se souvient d’eux parce qu'eux ne peuvent pas le faire. On ne se permettra jamais de les oublier.

Giusy Moretti

à franceinfo

Mais les 600 habitants déplacés, les "sfolllati", ne font pas que se souvenir, ils surveillent aussi la déconstruction de ce qu’il reste du pont. Ana Rita Certo est méfiante : "C’est seulement en juillet qu’on a rencontré les autorités. Cela nous met vraiment en colère, ils nous avaient dit qu’il allait y avoir des travaux de manutention, mais tout est arrivé trop tard."

Côté ouest du fleuve, l’activité a repris dans la zone industrielle. Non sans mal pour Ernesto Carrara : sa petite entreprise de tuyaux est littéralement coupé en deux par la "zona rossa". Dans son entrepôt, un ruban rouge délimite la zone rouge qu'il doit quitter en cas d’alerte : "Si les alarmes se déclenchent, on me prévient sur mon smartphone et je dois immédiatement sortir." Ce chef d’entreprise a vu de ses yeux la construction du pont en 1967. Il assiste aujourd’hui aux premières loges à sa destruction, elle doit se poursuivre encore plusieurs mois.

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