En Italie, les mafias tuent moins mais corrompent plus
Des responsables de la lutte antimafia ont fait le point sur les méthodes du crime organisé mardi 15 décembre.
Moins de meurtres, plus de corruption. En Italie, les mafias traditionnelles privilégient désormais la corruption à la violence, renonçant au contrôle "militaire" de leur territoire pour se concentrer sur une "stratégie d'infiltration" des milieux économiques, politiques et institutionnels. C'est le bilan dressé mardi 15 décembre par des responsables de la lutte antimafia.
Les homicides perpétrés par les organisations criminelles sont en "très net déclin depuis dix/quinze ans", mais les mafias se révèlent "extraordinairement habiles à s'adapter à tous les territoires et à tous les milieux sociaux", où elles cherchent toujours plus à "accumuler des capitaux", a affirmé le chef de la Direction investigatrice antimafia (DIA), Nunzio Antonio Ferla, au cours d'une conférence de presse. "Les mafias tuent moins mais corrompent plus", a confirmé la présidente de la commission parlementaire antimafia, Rosy Bindi, se demandant cependant s'il fallait y voir "une preuve de leur habilité ou de la fragilité" d'une société durement touchée par la crise.
"La fin des mafias traditionnelles est proche"
Une opinion partagée par le procureur national chargé de combattre la mafia et le terrorisme, Franco Roberti, selon qui "la fin des mafias traditionnelles est proche". Si l'Italie est classée 69e sur 175 pays dans l'indice de perception de la corruption établi par l'ONG Transparency International, elle le doit en partie à la mafia, a déploré le numéro deux de la Police nationale, Matteo Piantedosi, tout en assurant que son pays "disposait à présent des anticorps nécessaires pour lutter contre le phénomène".
Selon l'Institut national des statistiques (Istat), les activités illégales, dont les mafias représentent une forte partie, ont généré un chiffre d'affaires d'environ 16,5 milliards d'euros en 2013, soit quelque 1,1% du PIB italien. Or, "cette criminalité a un effet négatif sur les investissements dans notre pays en général et en particulier sur ceux en provenance de l'étranger", a relevé le patron de la DIA, créée en 1991 à l'initiative du juge antimafia Giovanni Falcone, assassiné peu de temps après.
Selon un rapport de la Banque mondiale, l'Italie a été privée d'environ 16 milliards d'euros entre 2006 et 2012 en raison des craintes des investisseurs étrangers vis-à-vis de la mafia. Pour contrer un "ennemi aussi puissant et en mutation" constante, la DIA s'est concentrée cette année sur le contrôle des appels d'offres, la lutte contre le blanchiment d'argent et la saisie des patrimoines illicites. C'est "au moment d'investir leur argent sale que les mafieux sont les plus faibles", a expliqué Nunzio Antonio Ferla.
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