: Reportage Nombre de naissances en baisse et population vieillissante : en Italie, l'hiver démographique continue
La crise démographique n'en finit pas en Italie, lanterne rouge de l'Union européenne dans ce domaine. Le taux de fécondité est à 1,2 enfant par femme, très loin du seuil de renouvellement des générations fixé à 2,05 enfants par femme. Le nombre de naissances a encore baissé, à moins de 400 000 et les mamans ont presque 32 ans à la naissance de leur premier enfant.
Précarité et frais de garde exorbitants freinent la natalité
Roberta est coiffeuse à Cagliari en Sardaigne, région d’Italie où la natalité est la plus faible. Son mari n’a pas d’emploi, elle a 39 ans. "J'aurais l'âge, admet-elle, mais nous ne prévoyons pas d'avoir d'enfants pour l'instant."
"Nous n'avons pas les moyens d'élever un enfant."
Roberta, 39 ansà franceinfo
La précarité est la première raison avancée par ceux qui ne veulent pas d’enfant, dans un pays où la moitié des jeunes adultes âgés de 30 ans dépendent encore de leurs parents. Puis, il y a la difficulté de concilier travail et vie de famille, pour les femmes en particulier. Cristina a une fille, elle vit et travaille à Rome, séparée du papa. Les frais de garde coûtent une fortune : "Cela me coûte entre 700 et 900 euros par mois et je gagne entre 1 700 et 1 800 euros par mois." En Italie, un chèque unique rassemble toutes les formes d’aides. Pour Cristina, il s'élève à 150 euros, mais l’aide de base est bien inférieure.
Et les quelques mesures prises en plus par Giorgia Meloni ne suffisent pas, selon le démographe Alessandro Rosina : "Peu de choses ont changé par rapport au gouvernement précédent. Il y a le chèque unique mais la somme de base universelle est très faible, elle est de 54 euros par mois, alors que la banque d'Italie estime les dépenses moyennes d'une famille à 650 euros par mois."
Un tiers de la population aura plus de 65 ans en 2050
L’argent de l’Europe a tout de même permis de développer l’offre de crèches. Mais l’Italie vieillit. Au rythme actuel, les plus de 65 ans représenteraient en 2050 un tiers de la population. Le système de retraites est fragilisé. Le secteur des aides à domicile est sous tension. "En 2025, on estime que ce secteur du travail domestique aura besoin de 2,3 millions de salariés, près de la moitié pour l'aide aux personnes âgées non autonomes, indique Teresa Benvenuto, de la principale association du domaine. On estime que les travailleurs étrangers dans ce domaine représentent 70% de la main-d’œuvre." Mais l’immigration ne suffit pas à dissiper l’hiver démographique. En 10 ans, l’Italie a perdu 2 millions d’habitants.
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