L'exploitation du pétrole par Daech, "un revenu estimé à 1,5 million de dollars par jour"
Le pétrole "est depuis le début une source majeure de financement de Daech," explique Matthieu Auzanneau, auteur de Or noir, la grande historie du pétrole (Editions La Découverte). Si son pétrole se situe "essentiellement en Syrie, Daech ne contrôle plus qu'un seul puits près de Mossoul, la grande ville d'Irak. Daech y contrôle près de 40.000 barils jours pour un revenu estimé de 1,5 million de dollars par jour."
Mais contrairement aux idées reçues, ce pétrole est peu exporté. Matthieu Auzanneau explique ainsi qu'il est "essentiellement acheté en Syrie et en Irak par les automobilistes. Avec l'effondrement du cours du baril, les voies d'exportation sont beaucoup moins rentables. Donc le pétrole produit par Daech est essentiellement consommé directement en Syrie et en Irak et avec, selon les services secrets américains, un accord avec le régime de Bachar al-Assad pour que ce pétrole serve à ravitailler les zones contrôlées par le gouvernement syrien."
"Les efforts de guerre du régime Assad ne sont pas concentrés fondamentalement sur Daech."
Pour atteindre ce moyen de financement de Daech, les forces de la coalition se sont donc attaquées aux raffineries industrielles puis aux "raffineries rudimentaires. Il y avait une grosse raffinerie en Irak d'où Daech a été repoussé. Mais il y a aussi plein de raffineries artisanales de la taille d'un alambic," ce qui rend leur neutralisation bien plus compliquée. Du coup, "la coalition et les forces françaises essayent de viser les champs pétroliers."
Matthieu Auzanneau apporte aussi un éclairage sur le soutien de pays comme l'Arabie saoudite et le Qatar au groupe terroriste Etat islamique. "Daech, comme de nombreux mouvements terroristes islamistes, a été soutenu par l'Arabie saoudite mais également par le Qatar ou le Koweït parce que cela permettait de faire tampon face au régime de Bachar al-Assad et l'Iran. Aujourd'hui, officiellement, le soutien à Daech est terminé. Mais un rapport parlementaire américain souligne que demeurent des dons de particuliers riches que ce soit au Koweït en Arabie saoudite, au Qatar ou dans les Emirats Arabes Unis. L'or noir continue à alimenter Daech qui est perçu par bon nombre d'habitants arabes riches du sud du golfe persique comme un protecteur face au régime syrien et face à l'Iran."
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.