L'Union européenne a renforcé samedi ses sanctions à l'encontre de Laurent Gbagbo et de 84 de ses partisans
Les Vingt-Sept avaient décidé fin décembre de nouvelles sanctions pour contraindre le président sortant à céder le pouvoir à Alassane Ouattara, reconnu par la communauté internationale vainqueur de la présidentielle du 28 novembre.
Dimanche soir, des incidents ont éclaté à Yamoussoukro entre des partisans de Ouattara et une milice pro-Gbagbo.
Ces heurts, qui auraient fait entre 5 et 7 blessés dans la capitale Yamoussoukro, près de Bouaké (centre), ont opposé des jeunes du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP, coalition pro-Ouattara) et les "Scorpions guetteurs", une milice soutenant le président sortant, selon des sources concordantes.
M. Ouattara avait appelé vendredi à recourir à la force pour faire partir son rival.
Le Premier ministre Guillaume Soro (ex-chef du gouvernement sous Gbagbo, reconduit par Alassane Ouattara) avait estimé dans l'hebdomadaire "Jeune Afrique" que sans intervention militaire, "ce sera la guerre".
Cette fois le deuxième train de sanctions décidé par les Vingt-Sept à l'encontre de Laurent Gbagbo visent 88 personnes ainsi que 11 "entités", selon des sources diplomatiques. Elles ciblent notamment les secteurs pétrolier, portuaire, bancaire, ainsi que les filières du cacao, du café et du caoutchouc naturel, selon ces sources.
La société nationale d'opération pétrolière de la Côte d'Ivoire Petroci, la société ivoirienne de raffinage, les ports d'Abidjan et de San Pedro, la Banque nationale d'investissement (BNI), la Banque pour le financement de l'agriculture et Versus Bank font partie des entités économiques visées.
Le Comité de gestion de la filière café-cacao, l'Association des producteurs de caoutchouc naturel, la Société de gestion du patrimoine du secteur de l'électricité (Sogepe) et la radio-télévision ivoirienne sont également visées, selon les diplomates.
La décision européenne de gel des avoirs a été prise lors de réunions d'experts des 27 pays de l'Union européenne à Bruxelles et validée par les différentes capitales à l'issue d'une procédure écrite qui s'est achevée vendredi.
Elle intervient huit jours après celle du département du Trésor américain, qui avait en même temps gelé ceux de quatre de ses proches aux Etats-Unis. Un diplomate européen reconnaît que Laurent Gbagbo et ses proches ont sans doute eu le temps de transférer leurs avoirs financiers hors d'Europe "mais la mesure reste importante au-delà pour le symbole politique", selon lui.
Ces sanctions s'ajoutent à une première liste de personnes frappées d'interdiction de visas dans l'UE, sur laquelle figuraient déjà 59 personnes dont le président ivoirien sortant Laurent Gbagbo et son épouse. Cette liste des personnes sanctionnées, qui a été arrêtée fin décembre, devait être publiée samedi au journal officiel de l'UE.
Parmi les personnes sanctionnées figurent les membres du "gouvernement illégitime" de Laurent Gbagbo, les membres du Conseil constitutionnel accusés d'avoir "participé à la validation de faux résultats", des militaires ou des membres de la garde rapprochée du président sortant, des directeurs de journaux, ainsi que des conseillers de Laurent Gbagbo.
Gbagbo demande le départ des Nations Unies
L'ONU a accusé jeudi des partisans de Laurent Gbagbo d'avoir incendié deux de ses véhicules à Abidjan. Selon les Nations Unies, trois autres ont été endommagés dans la capitale ivoirienne où des quartiers ont été placés sous couvre-feu nocturne après des violences meurtrières en début de semaine. Le gouvernement Gbagbo a récusé ce bilan. "Nous avons dénombré un seul véhicule incendié par des habitants", a déclaré l'un de ses porte-paroles.
Dans la nuit de mardi à mercredi, trois Casques bleus avaient été "légèrement blessés" dans une "embuscade" tendue par les forces pro-Gbagbo au quartier d'Abobo (nord), avait accusé l'ONUCI (ONU en Côte d'Ivoire). Paris a condamné cet acte ainsi que "les appels à la haine contre l'ONUCI relayés par certains médias ivoiriens, en particulier la radio-télévision" RTI.
Pour le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon, les actes dénoncés sont des "crimes selon la loi internationale". Vendredi, il a estimé que la confrontation des Nations Unies avec Laurent Gbagbo en Côte d'Ivoire envoyait "un signal fort" pour la démocratie en Afrique. Le secrétaire général de l'ONU a formulé une nouvelle demande à Laurent Gbagbo de laisser le pouvoir à Alassane Ouattara. Il a souligné que les attaques contre les forces de maintien de la paix, pour lesquelles les forces de Laurent Gbagbo ont été mises en cause, étaient passibles de poursuites en vertu de la loi internationale.
Le président sortant Laurent Gbagbo a exigé le départ des Nations Unies. La Commission des droits de l'homme de l'ONU a rapporté vendredi que les violences en Côte d'Ivoire depuis le second tour de l'élection présidentielle le 28 novembre ont fait au moins 247 morts et 49 disparus.
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