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La peine de mort : les pays abolitionnistes et les autres...

Cent quarante et un Etats dans le monde ont renoncé à la peine de mort, dont 97 l’ont totalement aboli. Pour cette 10e Journée mondiale contre la peine de mort, le 10 octobre, la France s'est fortement impliquée.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Manifestation contre la peine de mort à Paris, en octobre 2011. (Zaer BELKALAI / citizenside.com)

Selon Amnesty International, «vingt et un pays ont procédé à des exécutions en 2011, contre trente et un, dix ans plus tôt. Même aux Etats-Unis, pourtant l’un des pays les plus conservateurs dans ce domaine, des progrès ont été accomplis et plusieurs Etats ont limité ou aboli la peine capitale».

Selon le site du ministère français des Affaires étrangères, la peine de mort est toujours appliquée dans 58 Etats et territoires (57, selon Amnesty international) : «Depuis 2011, vingt-trois Etats ont procédé à des exécutions. Si le nombre de pays procédant à des exécutions diminue, le dernier rapport d’Amnesty International recense 676 exécutions en 2011, contre 527 en 2010, ce qui démontre l’augmentation des exécutions dans le noyau dur des pays rétentionnistes, essentiellement l’Arabie Saoudite, l’Iran et l’Irak. En outre, le chiffre réel est difficile à déterminer en l’absence de statistiques officielles dans certains Etats, dont la Chine».

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(Carte MAE)
La situation des pays par rapport à la peine de mort

Afrique du nord et Moyen-Orient.
Selon le Quai d’Orsay, aucun des vingt-deux Etats de la région n’a aboli la peine de mort. En 2011, au moins 558 exécutions ont été recensées dans huit pays (Arabie Saoudite, Autorité palestinienne, Egypte, Emirats arabes unis, Irak, Iran, Syrie et Yémen). En Libye, pour l’année 2011, des exécutions extrajudiciaires ont été réalisées par toutes les parties au conflit. Les autres pays observent des moratoires de fait depuis plusieurs années (Tunisie depuis 1991, Maroc et Algérie depuis 1993, Liban depuis 2004 et Jordanie depuis 2006).

Asie 
En l’absence de données officielles, le Quai d’Orsay estime à plusieurs millers d’exécutions commises chaque année en Chine. Amnesty International a reçu des informations faisant état d’au moins trente exécutions en Corée du Nord en 2011 Le Japon a rompu un moratoire de fait observé pendant un an et demi avec la pendaison de trois condamnés en mars 2012. Le pays a procédé à de nouvelles exécutions en août et septembre de cette année.

Plus positif, la Mongolie a aboli la peine de mort en mars 2012, rejoignant ainsi le Népal, les Philippines et le Cambodge.

Amérique
Les Etats-Unis ont été en 2011 et 2012 le seul pays du continent à procéder à des exécutions.

Afrique
Dix-sept Etats sur quarante-huit ont aboli la peine capitale en droit. Le Bénin l'a abolie en juin 2012 et la République Démocratique du Congo s’est exprimée en faveur d’un «moratoire irréversible» et d’une «abolition progressive» en mars 2012.

Europe
La Biélorussie reste le seul Etat du continent européen à ne pas avoir aboli la peine capitale. Quatre personnes ont été exécutées depuis 2011, dont deux en mars 2012. La Russie a instauré un moratoire sur les exécutions en 1996.

Les méthodes d'exécution recensées par Amnesty
Décapitation (Arabie saoudite) ;
Electrocution (États-Unis) ;
Pendaison (Égypte, Iran, Irak, Japon, Singapour…) ;
Injection létale (Chine, Etats-Unis, Thaïlande) ;
Exécution par arme à feu (Biélorussie, Chine, Somalie…) ;
Lapidation (Afghanistan, Iran).

La France mobilise sa diplomatie
Laurent Fabius a décidé, à l'occasion de cette journée mondiale contre la peine de mort, le 10 octobre 2012, de mobiliser sa diplomatie. Le ministre des Affaires étrangères participera à cette journée, au ministère, aux côtés de Robert Badinter, l'ancien garde des Sceaux de François Mitterrand et père de l'abolition en France, des présidents et représentants de grandes ONG, d’intellectuels ou d’avocats de condamnés à mort venus du monde entier.

«La peine de mort n’est pas la justice, c’est l’échec de la justice. La peine de mort n’est pas un instrument utile à la lutte contre la criminalité. La perte de vie humaine qu’elle entraîne est irréparable et aucun système juridique n’est à l’abri d’une erreur judiciaire. Le recours à la peine de mort n’est pas un simple instrument de politique pénale, c’est une violation des droits de l’Homme», précise le ministère.

La France, comme Amnesty Intenational, est favorable à l’adoption de la résolution de l’Assemblée générale des Nations-Unies pour un moratoire sur l’application de la peine de mort en décembre 2012.

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