La victoire du parti Ennahda a été confirmée jeudi soir. Les islamistes ont remporté 90 des 217 sièges de l'Assemblée.
Ce succès d'Ennahda (41,47%) devrait lui permettre de former un gouvernement dirigé par les islamistes, le premier depuis les soulèvements du printemps arabe qui avaient conduit à la chute du président Zine ben Ali. L'annonce a été suivie de violences.
Le Congrès pour la République, parti laïque classé à gauche, arrive en deuxième place avec 30 sièges. Ennahda (), qui était interdit sous le règne de Zine ben Ali, n'a pas remporté la majorité absolue au sein de la nouvelle assemblée mais elle a réuni suffisamment d'élus pour espérer former un gouvernement de coalition avec deux des formations laïques de centre-gauche arrivées derrière elle.
"Atteindre l'objectif d'une Tunisie libre"
Ennahda s'est employé depuis plusieurs jours à les laïcs et les investisseurs étrangers inquiets de voir émerger un gouvernement islamiste dans l'un des pays les plus libéraux du monde arabe. Les droits des femmes et de tous ceux qui n'ont pas d'appartenance religieuse affirmée seront protégés en Tunisie , a promis le dirigeant islamiste Rachid Ghannouchi après la confirmation de la victoire de son parti.
"Nous allons poursuivre cette révolution pour atteindre l'objectif d'une Tunisie libre, indépendante, en développement et prospère dans laquelle les droits de Dieu et du prophète, des femmes, des hommes, des croyants et des non croyants seront garantis parce que la Tunisie appartient à tous", a-t-il dit.
L'actuel Premier ministre, Beji Caïd Essebsi, qui devrait être remplacé par un représentant d'Ennahda, a affirmé jeudi qu'il n'a aucune raison de douter des engagements des islamistes en faveur d'un Etat civil et démocratique. Ennahda se situe sur la frange modérée et libérale du spectre des partis islamistes au Proche-Orient. Ghannouchi a lui-même présenté son approche de la politique en la rapprochant de celle du Premier ministre turc Tayyip Erdogan.
Violences à l'annonce du résultat
Des violences ont été provoquées par des partisans du candidat de la Pétition populaire, éliminé du scrutin. Plus de 2000 jeunes ont mis à sac le local du parti islamiste Ennahda, vainqueur du scrutin, et jeté des pierres sur les forces de l'ordre, après l'annonce de l'invalidation de six listes d'Hechmi Haamdi, richissime homme d'affaires qui avait notamment remporté le scrutin dans la circonscription de Sidi Bouzid. Les adversaires des islamistes ont incendié les bureaux du maire dans la ville de Sidi Bouzid où des bulletins n'ont pas été comptabilisés en raison d'irrégularités, ont indiqué des témoins.
La commission électorale avait annoncé un peu plus tôt qu'elle avait annulé les sièges remportés par la Pétition populaire de l'homme d'affaires Hachmi Hamdi dans six districts électoraux en raison d'infractions aux règles de financement de la campagne électorale. "Ces élections ont été comme notre peuple et notre jeunesse les ont voulues, démocratiques, transparentes, propres et pluralistes, en rupture avec le passé", a commenté le président adjoint de la commission, Souad Triki.
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