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Lara Fabian en Ouzbékistan : une ONG dénonce

La chanteuse Lara Fabian doit se produire en concert dimanche prochain à Tachkent, en Ouzbékistan, en clôture d'un festival organisé par la fille d'Islam Karimov, dont le régime autocratique étouffe le pays depuis plus de 20 ans. L'ONG ACAT dénonce cette participation, sorte de "vitrine au régime tortionnaire ouzbek". Ce n'est pas la première fois qu'un artiste est invité à se produire par un régime contesté.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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La date est inscrite noir sur blanc sur le site Internet de Lara Fabian. Le 27 octobre, dimanche prochain, la chanteuse donnera un concert unique à Tachkent, la capitale de l'Ouzbékistan, dans le palais Istiklol. Elle aura "l'honneur" de clôturer le festival Style.uz Art Week, organisé chaque année depuis 2006 par Gulnara Karimova, fille de l'autocrate Islam Karimov, qui règne sans partage sur le pays depuis 1989. Un festival d'art et de mode qui se vante d'avoir accueilli lors de ses précédentes éditions des représentants de maisons de couture françaises comme Pascal Morabito, Yves Saint-Laurent ou Chanel. Cette année, le créateur Christophe Guillarmé est annoncé. Côté musiciens, David Guetta, Sting ou encore Rod Stewart sont mis en avant parmi les têtes d'affiche de ces dernières années

Il n'en fallait pas plus pour susciter la colère de l'association ACAT (Action des chrétiens pour l'abolition de la torture), qui dénonce une "proximité avec un des régimes les plus répressifs au monde ". La responsable des programmes Asie au sein de l'ONG, Christine Laroque, explique qu'"en Ouzbékistan, la liberté d'expression est réduite à néant, le moindre courant dissident est réprimé, les opposants, les journalistes et les défenseurs des droits de l'homme sont emprisonnés et torturés parfois jusqu'à la mort ".

Googoosha, icône du régime

Non sans une certaine ironie, l'ACAT rappelle que Lara Fabian est marraine de l'Unicef. Une fonction qui colle mal avec la publicité que la chanteuse s'apprête à faire au régime ouzbek.

L'organisatrice du festival est loin d'être une inconnue. Gulnara Karimova est tout à la fois designer (autoproclamée), femme d'affaires, mannequin, "beauté exotique " et chanteuse. Elle est surtout la fille d'un autocrate régulièrement pointé du doigt par les associations de défense des droits de l'homme. Sur son site Internet, sous son nom d'artiste Googoosha, elle fait allègrement sa publicité. Parmi ses faits d'armes, avoir enregistré un duo avec Julio Iglesias et... Gérard Depardieu. Par ailleurs, la justice française s'intéresse de près, selon Le Point , au rachat par ses soins de l'ancien appartement de l'animateur Arthur, près du bois de Boulogne.

L'autre fille d'Islam Karimov, Lola Karimova, a souvent organisé des soirées à Paris en présence de stars françaises, parmi lesquelles Alain Delon. Elle a aussi intenté un procès (perdu) au site Internet Rue89, coupable à ses yeux de l'avoir traitée de "fille de dictateur".

Les stars, cibles de choix

Lara Fabian, qui prépare sa tournée en Russie où elle est très populaire, n'est pas la première chanteuse à se produire dans un pays dirigé par un autocrate.

En Tchétchénie, Ramzan Kadyrov aime beaucoup inviter "ses amies les stars" : Gérard Depardieu, Steven Seagal, Jean-Claude van Damme, Diego Maradona ont tous fait honneur à leur hôte dans un passé récent.

La chanteuse Jennifer Lopez a elle entonné un émouvant "Happy birthday" face au président du Turkménistan, l'autocrate Gourbangouly Berdymoukhamedov, avant d'assurer qu'elle ne connaissait pas le contexte politique du pays, une fois son million d'euros en poche. Plus récemment, au début du mois de septembre, le rappeur américain s'est rendu au Kazakhstan, chez Noursoultan Nazarbayev, contre trois millions de dollars. Sans oublier les apparitions de Mariah Carey ou encore Beyoncé lors de soirées organisées en Libye par les fils du colonel Kadhafi, avant la chute du régime.

Pour l'instant, Lara Fabian reste muette face à la polémique.

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