Le dirigeant libyen a chargé lundi son chef des services de renseignements de discuter avec les insurgés de l'est
Mouammar Kadhafi espère pouvoir négocier avec les dirigeants de la région orientale tombée aux mains des opposants. Mais le Conseil national libyen récemment constitué par ces insurgés n'a pas prévu de discuter.
Par ailleurs, des centaines de personnes ont manifesté lundi dans un quartier de Tripoli, Tadjoura, contre le dirigeant libyen.
Selon le journal en ligne Kourina, la manifestation rassemblait près de 10.000 participants.
Selon une journaliste de Reuters, les manifestants étaient quelque 400. Elle rapporte que plusieurs véhicules 4X4 ont fait irruption peu après sur la place où se tenait la manifestation et les occupants, coiffés de bandanas verts, couleur du drapeau national libyen, ont sauté dehors et tiré en l'air pour tenter de disperser les manifestants.
Le journal Kourima affirme lui que "des hommes armés du bataillon de Kadhafi habillés en civil ont ouvert le feu sur des jeunes non armés" et que "beaucoup de ces jeunes ont été blessés et tués". Il soutient aussi que "les hommes armés ont ensuite emmené les morts, les blessés et même les passants qui étaient près des blessés". Ces informations n'ont pas pu être vérifiées.
Les insurgés de l'est ne veulent pas négocier
Un porte-parole du récemment constitué par les dirigeants de la contestation, a déclaré qu'il n'était pas question de négocier avec Kadhafi comme il semble le souhaiter.
Le Conseil national libyen, basé à Benghazi, dans l'est de la Libye, a souligné qu'il se considèrait non comme un gouvernement provisoire mais comme la face politique du mouvement révolutionnaire.
Cette région risque de connaître d'ici trois semaines des pénuries alimentaires et de médicaments, a prévenu lundi un bénévole de l'action humanitaire.
Kadhafi: "Mon peuple m'adore"
"Mon peuple m'adore. Ils mourraient pour me protéger", a affirmé lundi le colonel libyen Mouammar Kadhafi dans un entretien accordé à plusieurs médias dont la chaîne de télévision américaine ABC mais aussi la BBC et le Times de Londres.
Le dirigeant libyen a aussi refusé de reconnaître que des manifestations avaient eu lieu dans les rues de Tripoli, a également indiqué la journaliste d'ABC Christiane Amanpour dans un message sur Twitter.
Le colonel Kadhafi a aussi redit que ceux qui avaient manifesté dans le pays étaient sous l'influence de drogues fournies par Al-Qaïda, selon la BBC.
100.000 personnes ont fui le pays
Les estimations de morts en Libye du fait de la répression menée par Mouammar Kadhafi varient entre des centaines et des milliers tandis que plus de 100.000 personnes ont fui vers l'Egypte et la Tunisie, a indiqué lundi une responsable de l'ONU.
"Il n'y a pas de bilan confirmé mais les estimations (du nombre de morts) vont de centaines à des milliers", a souligné Valerie Amos, sous-secrétaire générale pour les Affaires humanitaires à l'ONU.
Plus de 61.000 personnes ont fui vers l'Egype et jusqu'à 40.000 vers la Tunisie, a-t-elle ajouté lors d'une conférence de presse. Un millier d'autres sont entrées aux Niger.
Bombardement de dépôts d'armes
Des dépôts de munitions dans l'est de la Libye ont été viséslundi par des raids aériens des forces de Mouammar Kadhafi, selon des sources concordantes à Benghazi. Les autorités libyennes démentant ces informations.
Des avions ont frappé un dépôt à Ajdabiya (bien Ajdabiya), à une centaine de km au sud de Benghazi, selon un témoin joint par téléphone, qui n'était pas en mesure de préciser l'étendue des dégâts.
Un militaire de réserve à Benghazi, prénommé Adel, a pour sa part fait état de raids menés par deux avions sur Ajdabiya et Rajma, à 15 km au sud de Benghazi.
Selon lui, le raid à Ajdabiya a détruit une citerne d'eau sans toucher le dépôt, ni faire de victime
Production de pétrole presque arrêtée sauf dans l'est
Le régime de Mouammar Kadhafi ne contrôle plus les principaux champs de pétrole de Libye, désormais entre les mains de l'insurrection, a indiqué lundi le commissaire européen à l'Energie Gunther Oettinger.
"Nous avons tout lieu de penser que le gros des champs d'exploitation (de gaz et de pétrole) n'est plus entre les mains de Kadhafi , mais se trouve sous le contrôle de tribus et de forces provisoires qui ont repris le pouvoir", a-t-il expliqué devant la presse à Bruxelles.
Les livraisons de brut libyen étaient pratiquement arrêtées lundi en raison d'une réduction de la production et du mauvais temps qui entrave les exportations du 12e producteur mondial.
Mais l'opposition libyenne s'apprêtait lundi soir à reprendre les exportations de pétrole à partir de l'Est du pays avec le départ d'un bateau à destination de la Chine, a indiqué à l'AFP un responsable du comité local de la ville de Tobrouk.
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