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Le principal parti lié à la junte au pouvoir revendique 80% des sièges dans un scrutin très critiqué en Occident

Le Parti de la solidarité et du développement de l'Union (USDP) aligné sur le chef de la junte Than Shwe, annonce qu'il a remporté les premières élections législatives organisées depuis 20 ans.Le scrutin a été boycotté par la Ligue nationale pour la démocratie (LND) de la prix Nobel de la paix, Aung San Suu Kyi, toujours assignée à résidence.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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Distribution de tracts pendant la campagne électorale à Rangoun, capitale de la Birmanie (AFP - MYANMAR OUT)

Le Parti de la solidarité et du développement de l'Union (USDP) aligné sur le chef de la junte Than Shwe, annonce qu'il a remporté les premières élections législatives organisées depuis 20 ans.

Le scrutin a été boycotté par la Ligue nationale pour la démocratie (LND) de la prix Nobel de la paix, Aung San Suu Kyi, toujours assignée à résidence.

Les deux plus importants parti pro-démocratie en lice lors de ce scrutin ont dès après cette annoncé concédé leur défaite mais accusé l'armée de truquer les résultats, invoquant l'obligation faite aux employés de l'Etat de voter par anticipation pour l'USDP.

"Nous avons pris la tête au début mais l'USDP a présenté ensuite des soi-disant votes par anticipation et cela a complètement modifié les résultats, donc nous avons perdu", a déclaré Khin Maung Swe, chef de la FND, le premier parti d'opposition.

Tandis que le dépouillement avait lieu, les forces armées ont expulsé des rebelles karen, une minorité ethnique, d'une ville frontalière de la Thaïlande, où ont fui 17.000 civils lundi après des affrontements, a dit un responsable militaire.
"Nous avons réussi à nettoyer la ville, particulièrement les zones habitées", a dit ce responsable.

Ces élections ne devraient pas provoquer d'assouplissement des sanctions occidentales mais elles pourraient sortir a minima le pays de son isolement, d'autant que la Chine y investit de plus en plus, dans les matières premières notamment. "La stabilité de la Birmanie revêt la plus haute importance pour nous, mais n'est pas aussi importante pour l'Ouest", écrit le Global Times, un tabloïd édité par le Quotidien du Peuple, l'organe officiel du Parti communiste chinois.

Pour autant , les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l'UE, la France et l'Australie ont dénoncé le scrutin. Le Japon, autre puissance régionale, a pour sa part déploré qu'Aung San Suu Kyi, lauréate du prix Nobel de la paix, n'ait pas été libérée avant le scrutin. Le processus a été unanimement considéré par les démocraties du monde comme une manipulation de la junte pour se doter d'un vernis civil tout en conservant le pouvoir.

Le quotidien gouvernemental New Light of Myanmar (La Nouvelle lumière du Myanmar, nom que les militaires donnent désormais à leur pays) avait publié avant le scrutin des listes de candidats élus car seuls en lice dans un certain nombre de circonscriptions. Le New Light a également publié des photos du généralissime Than Shwe, homme fort de la junte, en train de voter, ainsi que celles d'ambassadeurs étrangers observant le processus dans des visites de bureaux de vote soigneusement orchestrées.

Le site internet birman en exil Irrawaddy a pour sa part annoncé des résultats, non officiels, favorables à des militaires ou membres de l'opposition.

Les résultats officiels et définitifs ne sont cependant pas attendus avant plusieurs jours dans ce pays de quelque 50 millions d'habitants, dont une grande partie vit dans des zones montagneuses et isolées.

Plus de 29 millions de personnes étaient appelées aux urnes. Les militaires se sont succédé à la tête de la Birmanie depuis 1962.

La LND d'Aung San Suu Kyi avait remporté les dernières élections pluralistes en 1990, mais la junte avait ignoré les résultats du scrutin. La militante a passé 15 des 21 dernières années en prison ou assignée à résidence. Elle se trouve en résidence surveillée depuis 2003, une peine qui prend fin en principe le 13 novembre.

Combats entre rebelles karen et l'armée
Des combats à l'arme lourde avaient éclaté lundi à Myawaddy, une ville de l'est de la Birmanie, à la frontière avec la Thaïlande, entre des rebelles de l'Armée bouddhiste démocratique karene et l'armée birmane, ont indiqué des sources concordantes, au lendemain des premières élections dans le pays depuis 20 ans. Trois civils ont été tués, a-t-on dit de source officielle birmane.

De nombreuses minorités ethniques, qui représentent au moins un tiers des 50 millions d'habitants de la Birmanie, n'ont jamais pacifié leurs rapports avec le pouvoir central depuis l'indépendance en 1948. Depuis cette date, une guerre civile a éclaté entre capitale et groupes rebelles, qui réclament plus d'autonomie et de droits.

Evénements survenus en Birmanie depuis l'arrivée au pouvoir de la junte militaire

1988:
- 8 août: un soulèvement populaire réclame la fin du régime militaire en place depuis 1962. A sa tête, Aung San Suu Kyi, fille du général Aung San, le père de l'indépendance. On compte des milliers de morts.
- 18 septembre: prise de pouvoir du Conseil pour la Restauration de la Loi et de l'Ordre suite à la démission du général Ne Win.

1989:
- 20 juillet: Aung San Suu Kyi assignée à résidence.

1990:
- 27 mai: aux élections législatives, la Ligue nationale pour la démocratie (LND) de Mme Suu Kyi remporte plus de 80% des sièges. Les militaires refusent ce résultat.

1991:
- 14 octobre: Aung San Suu Kyi prix Nobel de la Paix.

1992:
- 23 avril: le général Than Shwe numéro un de la junte.

1995:
- 10 juillet: Mme Suu Kyi libérée.

1997:

- 22 avril: les Etats-Unis interdisent tout nouvel investissement en Birmanie. Depuis 1996, l'UE impose aussi des sanctions.
- 15 novembre: le SLORC devient Conseil d'Etat pour la Paix et le Développement (SPDC).

2000:
- 22 septembre: Aung San Suu Kyi de nouveau en résidence surveillée.

2002:
- 6 mai: levée de son assignation à résidence.

2003:
- 30 mai: En tournée dans le nord, elle est arrêtée après une embuscade contre son convoi menée par des hommes de main du régime. 4 morts selon la junte, de 70 à 80 selon la dissidence.
- 30 août: le Premier ministre Khin Nyunt annonce la "feuille de route" vers la démocratie.
- 27 septembre: 3e période d'assignation à résidence de Mme Suu Kyi, jamais libérée depuis.

2005:
- 6 novembre: la capitale est déplacée de Rangoun à Naypyidaw.

2007:
- 15 août: début de la "révolte safran" emmenée par les moines bouddhistes. La répression fait 31 morts et 74 disparus (ONU).

2008:
- 3 mai: le cyclone Nargis fait 138.000 morts ou disparus.
- 10 mai: la junte maintient le référendum sur la Constitution (92% de oui, 98% de participation).

2009:
- 11 août: Mme Suu Kyi est condamnée à 3 ans de prison et de travaux forcés après l'intrusion à la nage d'un illuminé américain à son domicile. Peine commuée en 18 mois supplémentaires de résidence surveillée.

2010:
- 7 mai: dissolution de la LND, suite à son boycott des élections.

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