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Le Sida à Soweto : "On est en train de gagner cette guerre"

DE NOTRE ENVOYE SPECIAL | C'est l'un des reproches fait à Nelson Mandela après son accession au pouvoir : ne pas avoir pris la mesure de l'épidémie du Sida en Afrique du Sud. Aujourd'hui, le pays compte un peu plus de six millions de séropositifs, soit plus d'un habitant sur 10. Mais la prise de conscience est en train de se faire au sein de la population, d'après Hapyd, basée à Soweto. Depuis dix ans, l'association apporte les médicaments chez les malades trop faibles et accueille les enfants nés avec le virus.
Article rédigé par Antoine Krempf
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Antoine Krempf Radio France)

"Je ne suis plus considéré
comme un maudit
". Cela fait maintenant huit ans que Tope sait qu'il est
séropositif. Il l'a découvert à l'hôpital après s'être fait tirer dessus en
pleine rue. Depuis, le quinquagénaire prend des médicaments pour soulager sa
tétraplégie et des antirétroviraux. "Je ne peux pas me déplacer jusqu'à la
clinique pour prendre mes traitements. 
C'est Hapyd qui me ramène le tout
". Tope n'a jamais eu de problème
pour raconter le coup de feu qui l'a mis dans un fauteuil roulant. Mais parler
"de la maladie " a été plus compliqué. Jusqu'à récemment.

"La parole s'est libérée
depuis le début des années 2000. Il n'y a plus de stigmatisation. A l'époque où
Mandela était au pouvoir, il y avait autre chose à penser et les esprits
n'étaient pas prêts à affronter la maladie
", confirme le président de
l'ONG Hapynd.

Cela fait plus de dix ans
maintenant que la dizaine de membres de l'association fait le tour des maisons
où vivent des séropositifs dans le quartier de Jabulani, l'un des plus pauvres
du township de Soweto. "Quand on va chercher des médicaments à la clinique
ou quand on passe au poste de police, ils nous disent qu'untel ou unetelle est
malade. Alors on y va pour donner des conseils, voir ses besoins ou fournis le traitement
à domicile. Grâce à l'action des ONG et de l'action des pouvoirs publics, ça
marche
", se réjouit Nelson Nhabinde.

S'il est impossible d'obtenir des
statistiques sur l'état de la propagation du virus à Jabulani, le dernier
rapport de l'Unaids semble lui donner raison. Au niveau national, l'accès à la
trithérapie a bondi de 75% en deux ans dans le pays.

Autre bonne nouvelle, d'après l'Unaids,
le nombre de séropositifs est passé de 21,8% à 20,5% chez les 15-24 ans en 2011
par rapport à 2010. Par contre, le nombre de femmes touchées par le HIV entre
30 et 34 ans continue d'augmenter en Afrique du Sud. Dans son église abandonnée
de Jabulani, Hapyd s'est donc de plus en plus orientée vers l'accueil et la
prévention pour les enfants du quartier. 

"No comment ",
réagissent de leur côté les médecins de la clinique voisine de Khululeka quand
on leur demande si la situation s'améliore réellement sur le front du Sida. 

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"No comment ", réagissent de leur côté les médecins de la clinique voisine de Khululeka quand on leur demande si la situation s'améliore réellement sur le front du Sida.

Mais une fois le micro rangé, l'une des infirmières du service dédié au HIV explique que "certaines femmes séropositives arrivent maintenant à accoucher d'enfants sains. Mais on a beau faire toutes les campagnes de communication et distribuer autant de préservatifs qu'on veut, il nous faudra encore trois ou quatre générations avant d'espérer quoi que ce soit. "

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