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Le sport pendant la Première guerre mondiale
Publié le 27/06/2014 16:30
Mis à jour le 08/07/2014 16:32
Temps de lecture : 1min
Trois livres, parus successivement en 2010, 2013 et 2014, nous racontent l’histoire du sport pendant la période de la Grande guerre.
Deux d’entre eux, écrits par Jean-Paul Bourgier, traitent principalement du cyclisme, du dernier Tour France en 1914 à son retour en 1919. Le troisième, celui de Michel Merckel, parle du sport lors de la période 14-18.
On a longtemps cru que le sport avait connu une période d’accalmie lors du premier conflit mondial. Mais, paradoxalement, c’est dans cette période tragique que de nombreux hommes, dont les Poilus essentiellement issus du monde rural, ont pu découvrir le sport et le pratiquer. Souvent pour la première fois.
Vingt photos issues de ces trois ouvrages publiés par Les éditons le Pas d’oiseau illustrent ce propos.
démarre le 12e Tour de France, l'archiduc autrichien François-Ferdinand et son épouse sont assassinés à Sarajevo. Cet événement précipitera l’Europe dans le conflit de la Grande guerre. La mobilisation générale est proclamée et la plupart des coureurs rejoignent les rangs de l’armée. Henri Desgrange, l'organisateur de la course cycliste, rédacteur en chef du célèbre quotidien L'Auto et fervent patriote appelle les Français à s’engager. (le Pas d’oiseau)
quand le Belge Philippe Thys remporte le tour de France, le Vieux-Continent est au bord du gouffre. Le 3 août 1914, la Première guerre mondiale est déclarée et pendant les quatre années de conflit, cette compétition sportive s’arrête. Le Tour reprend en1919. Jean-François Pescheux, l'actuel directeur de la course, rendra un hommage à la Grande guerre lors du Tour de France 2014. (Coll. Gérard Salmon)
Parmi eux, de nombreux athlètes. Trois vainqueurs du Tour périssent sur les champs de bataille dont le célèbre coureur cycliste François Faber. (Coll.Gérard Salmon)
reprenant l'initiative de quelques soldats, pour remonter le moral des troupes. Les Poilus, pour la plupart des paysans, découvrent les joies du ballon qu’il soit rond ou ovale, auprès de leurs frères d'armes britanniques, américains ou néo-zélandais. (le Pas d’oiseau)
«Les Poilus qui découvrent le sport y trouvent une lueur d'humanité au milieu de la barbarie quotidienne… Ce livre met en valeur l'histoire du sport français et permet à beaucoup de sportifs de se recentrer sur les valeurs défendues par l'Association française pour un sport sans violence et pour le fair-play.» Il ajoute : «Certains ont découvert l'histoire de la Coupe de France de football, d'autres l'influence des All Blacks sur le rugby français pendant la Grande guerre par l'intermédiaire de l'ANZAC, le corps d'armée australien et néo-zélandais.»
(DR)
par le biais d’épreuves comme le lancer de grenade, l'action des Corps francs (ancêtre des commandos) ou la création des groupes de chasseurs cyclistes, créés suite à l’anéantissement de la cavalerie en 1914. L'école de Joinville, qui accueille des appelés sportifs et forme des moniteurs militaires de gymnastique, fait alors office de creuset pour la propagation du sport.
(DR)
pour gérer les séquelles des soldats blessés. A l’époque, le handicap est encore mal toléré par une grande partie de la population. Des invalides luttent contre cet état de fait, refusant la fatalité. Déterminés, ces pionniers posent avec courage les bases du handisport. (DR)
que les grandes fédérations sportives ont été créées en 1919 et 1920 : la Fédération française de Football, le 7 avril 1919, la Fédération française de Rugby, le 12 octobre 1920, et la Fédération française d’Athlétisme, le 20 novembre 1920. (AFP)
Dix millions de soldats sont immobilisés sur la ligne de front. Ils s’ennuient. Pour remédier a cette apathie, l’état major veut que les soldats pratiquent des manœuvres. Les hommes refusent. Certains ont amenés dans leurs bagages des ballons ou des gants de boxe. Les premiers matchs commencent ainsi. Ceux qui ne connaissent pas le sport sont séduits. Après les mutineries de 1917 où les soldats totalement désespérés refusent de participer à de nouvelles attaques en criant des slogans comme «A bas la guerre», Pétain comprend aussi très vite que le sport peut être un moyen de calmer les esprits.
(DR)
avec des moyens matériels dédiés et des officiers détachés. Des rencontres inter-régiments et interalliés ont lieux. En 1917, les Américains entrent dans le conflit. Ils amènent avec eux le basket, le volley et le baseball. Après l'armistice, des millions d'hommes ne sont pas encore démobilisés officiellement, en raison d’une éventuelle reprise du conflit. Pour tuer l’ennui, ils font du sport.
(Archives municipales de Tours)
Si Michel Merckel cite 425 noms de champions français à la fin de son volume, il précise que sa liste n’est pas exhaustive. Il déplore que l’Etat n’ait pas créé un lieu symbolique comme c’est le cas pour les 560 grands écrivains dont le nom est gravé dans la pierre au Panthéon. «J’ai été révolté qu’ils aient fini dans la boue des tranchées, c’était pour moi une injustice. J’ai écrit leurs noms dans mon cahier à spirales pour leur redonner vie», écrit l’auteur.
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et les pilotes n’hésitent pas à prendre tous les risques et à braver tous les dangers pour tester leurs engins. Leur engagement dans le conflit est essentiel et Marie Marvingt, surnommée La fiancée du danger, qui porte l’uniforme de Poilu, y tient un rôle primordial. Cette licenciée en lettres qui parle plusieurs langues est aussi une des premières femmes à avoir obtenu le permis de conduire et l’une des meilleures alpinistes du monde. Engagée dans l’aviation militaire, elle effectue des bombardements sur des positions ennemis. Elle devient alors la première femme au monde à effectuer des missions de combats aériens. Apres avoir reçu de nombreuses décorations de guerre, dont la Légion d’honneur et la Croix de guerre avec palmes, elle meurt en 1963. (DR)
D’une part, la Coupe de France est créée le 15 janvier par le Comité français interfédéral (ancêtre de la Fédération française de Football) en mémoire de Charles Simon. Ce fondateur dudit comité est tombé au combat à Ecurie, le 15 juin 1915. D’autre part, les hommes partis au combat, les femmes s’émancipent du joug masculin. Elles découvrent alors des activités qui leur étaient jusque là inconnues, voire interdites. Le 30 septembre, se dispute le premier match de football féminin en France, qui oppose deux équipes du Fémina Sport. (DR)
la natation trouve sa place dans les activités des Poilus dès 1915.
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où les combats sont particulièrement sanglants, Commercy sert de base arrière aux soldats. De nombreux blessés sont amenés dans les quatre hôpitaux de la région. Affecté à un de ces hôpitaux, le médecin-major Rehm propose alors d’organiser des rencontres sportives et récréatives pour soigner le moral des troupes.
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et du sport sur la santé physique et psychique des hommes, crée début 1915 le Poilu’s Park (en référence au célèbre Luna Park de Paris) à l’emplacement d’un vieux vélodrome. Devant ce succès, à la fin de cette même année, un Poilu’s Music Hall et un Poilu’s Cinéma Pathé ouvrent leurs portes.
(DR)
paraît le second livre de Jean-Paul Bourgier consacré au cyclisme. En s’appuyant sur de nombreuses publications de l’époque, l’auteur nous raconte cette fois la renaissance du Tour de France. Il aborde également le retour de nombreuses autres courses, vues comme le «cyclisme des temps héroïques». Celles qui avaient été abonnées retrouvent leur place et d’autres voient le jour pour des compétitions, parfois éphémères, de commémoration, nécessaire en cette année 1919.
(le Pas d’oiseau)
surnommé l’Enfer du Nord traverse les villes et les villages en ruines. «On entre alors en plein champ de bataille. Plus rien que de la dévastation dans ce qu’elle a de plus affreux, de plus tragique. L’abomination de la désolation ! C’est l’enfer», écrivent dans la presse sportive les émissaires chargés de la reconnaissance du parcours. Les 10 et 11 novembre 1919 se déroule le Grand prix de l’Armistice entre Strasbourg et Paris. Un tour qui ne sera disputé qu’une seule fois.
( Photo de presse, coll. G. Salmon)
demeure le circuit cycliste des Champs de bataille, mis en place à l’initiative de Marcel Allain, l’écrivain et créateur du personnage du célèbre personnage Fantomas. Cette course unique fut considérée unanimement comme la plus difficile de tous les temps, aussi bien en raison de sa météo que par l'état des routes dévastées.
(DR)
des vents glacials et la neige, les coureurs découvrent les champs de bataille et les provinces conquises ou reconquises par les belligérants victorieux, de Belgique, de Picardie, du nord et de l'est de la France. Ils traversent des villes et des villages en ruines où règnent famine et maladie. (DR)
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