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Les élections présidentielles et législatives ont été validées dans la plupart des bureaux de vote dimanche

"La journée électorale est bouclée et réussie", a déclaré le président du Conseil électoral provisoire (CEP) lors d'un point presse.Près de 5 millions d'Haïtiens étaient appelés à choisir dimanche leur nouveau président et leurs parlementaires (99 députés-11 sénateurs). Les résultats du premier tour doivent être communiqués à partir du 5 décembre.
Article rédigé par France2.fr avec AFP
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4.714.112 électeurs étaient appelés à voter dimanche pour choisir leur président, 99 députés et 11 sénateurs. (AFP - Logan Abassi)

"La journée électorale est bouclée et réussie", a déclaré le président du Conseil électoral provisoire (CEP) lors d'un point presse.

Près de 5 millions d'Haïtiens étaient appelés à choisir dimanche leur nouveau président et leurs parlementaires (99 députés-11 sénateurs). Les résultats du premier tour doivent être communiqués à partir du 5 décembre.

Un éventuel deuxième tour pourrait avoir lieu le 16 janvier.

Le CEP a indiqué que le scrutin avait été annulé dans 56 centres de vote seulement sur 1.500. Cela ne représente "que 3,5% des centres de vote", a affirmé le président qui a jugé la consultation "réussie" malgré des violences et des appels à l'annulation du scrutin.

"On va étudier au cas par cas les endroits où il y a eu un problème", a précisé le directeur général du CEP, Pierre-Louis Opont. "Dans 48 ou 72 heures, on décidera de ce qu'on fait", a-t-il ajouté.

Elections contestées
Douze candidats sur 18, dont Mirlande Manigat, Michel Martelly et Jacques-Edouard Alexis, ont dénoncé dimanche dans une déclaration commune "un complot du gouvernement et du Conseil électoral provisoire (CEP) pour trafiquer les élections au profit du candidat du parti au pouvoir" Jude Célestin et réclamé l'annulation du scrutin.

"Il ne s'agit pas uniquement de fraudes, c'est un véritable scandale, un véritable kidnapping des élections", a dénoncé de son côté le porte-parole de Mme Manigat, qui fait figure de favorite.

Des milliers de manifestants ont défilé dimanche soir à Port-au-Prince pour exiger l'annulation du scrutin présidentiel, accusant le pouvoir en place de fraudes destinées à favoriser le candidat du parti au pouvoir, Jude Celestin.

La demande d'annulation "n'est pas formelle"
Bien que le vice-président du CEP, Theleve Toussaint ait reconnu les conditions difficiles de l'élection : "Nous n'avions pas la prétention d'organiser des élections sans irrégularités. Ce sont des irrégularités qui sont dues aux faiblesses des structures de l'Etat" haïtien, a déclaré le vice-président du CEP, la demande d'annulation a été rejeté.

Elle "n'est pas formelle", a affirmé M. Opont. "Les CEP ne peut pas se prononcer sur une requête qui n'est pas formelle", a-t-il dit. "Les candidats prennent une position politique, nous, nous faisons un travail technique", a-t-il poursuivi.

Un scrutin émaillé d'incidents
Selon un policier qui a requis l'anonymat, la journée électorale qui s'est achevée à 16h locales (21h GMT), s'est soldée par deux morts et plusieurs blessés dans l'ensemble du pays. Deux personnes ont été tuées par balles lors de heurts entre partisans de candidats rivaux dans la ville d'Aquin (sud), a-t-il précisé.

Les opérations de vote ont été annulées dans deux villes du nord d'Haïti, suite à des violences qui ont fait au moins deux blessés, tandis que les 25 bureaux d'un centre de vote ont été saccagés à Port-au-Prince, dans le quartier de Tabarre.

A Petit-Goâve, au sud-ouest d'Haïti, la police a tiré en l'air pour disperser la foule, a indiqué la mission de l'ONU dans le pays (Minustah).

A Desdunes, dans le nord, après des incidents et des coups de feu qui ont fait des blessés, la Minustah avait envoyé dimanche matin une demi-douzaine de véhicules blindés "pour reprendre le contrôle de la situation" et faire reprendre le déroulement du scrutin qui a été interrompu.

Plus tôt dimanche, le chef de la mission de l'ONU en Haïti (Minustah), Edmond Mulet, avait affirmé que les élections se passaient dans un climat "paisible", malgré "des incidents mineurs".

3200 agents de police de l'ONU ont assuré la sécurité des élections aux côtés de 4200 agents de sécurité et 4500 agents de la police nationale haïtienne.

Deux favoris face au candidat du parti au pouvoir
Soutenue par les classes moyennes et intellectuelles, Mme Manigat, une ancienne première dame âgée de 70 ans, pourrait bénéficier d'un vote de rejet du parti au pouvoir, dont les affiches jaunes et vertes à l'effigie de Jude Célestin recouvrent le pays. "Les Haïtiens ne veulent pas de la continuité. Ils veulent le changement, voire la rupture", a déclaré la candidate.

Jude Célestin, 48 ans, protégé du président sortant, est le candidat du parti au pouvoir. René Préval ne pouvait pas se représenter.

Un troisième candidat, Michel Martelly, plus connu sous son nom de chanteur, Sweet Micky, populaire auprès des jeunes, arriverait en troisième position, selon les sondages.

Les Cayes : un mort parmi les partisans de Martelly
La campagne a été marquée par des affrontements entre partisans des différents candidats qui avaient fait deux morts lundi dernier.

Le candidat Michel Martelly, a-t-on appris samedi de sa porte-parole Karine Beauvoir, a été victime d'un "attentat" dans la soirée de vendredi dans la ville des Cayes.

Un chantier de reconstruction titanesque
La tâche sera titanesque pour reconstruire le pays, un des plus pauvres du monde, après le séisme du 12 janvier qui a tué 250.000 personnes et jeté hors de chez eux plus d'un millions de sinistrés, qui ne sont toujours pas relogés.

Le chaos a été aggravé par l'épidémie de choléra, qui a tué au moins 1648 personnes depuis la mi-octobre et provoqué des violences contre les Casques bleus de l'Onu, accusés par certains d'avoir importé la maladie.

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