Mali : aux côtés des civils qui ont fui la terreur islamiste du Nord
Destructions de mausolées de saints soufis à Tombouctou, mutilations, lapidations, viols, exécutions sommaires, pillages : depuis que des groupes armés islamistes ont lancé une première attaque contre la base militaire de Ménaka, le 17 janvier 2012, puis occupé une partie du nord du Mali, la liste des exactions s'allonge.
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"Il y a t out un éventail d'actes d'une extrême violence à tous les stades du conflit , explique le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Fatou Bensouda. Je suis parvenue à la conclusion que certains de ces actes de brutalité et de destruction pourraient constituer des crimes de guerre au regard du statut de Rome ", ajoute-t-elle. La CPI a donc ouvert mercredi une enquête.
" Là-bas, les enfants ne peuvent pas jouer à la balle"
La Cour pénale internationale évoque un climat de "terreur " qui a conduit des milliers de familles à quitter les villes de Gao ou Tombouctou pour se réfugier au sud du pays. A l'école de Soufouroulaye, à 25 km au sud de Mopti, 30 élèves viennent de ces territoires occupés du Nord. Ils y ont été accueillis gratuitement dans cette école payante. Et racontent aux autres ce qu'ils ont vécu : "Là-bas, on ne va pas à l'école. Il y a des gens qui ne peuvent pas sortir de leurs maisons. Il y a des enfants qui ne peuvent même pas jouer à la balle ", se désole Ousmane Mohammed 12 ans, originaire de Tombouctou. Lui, comme les autres, veut croire en l'intervention française, pour retrouver son école et ses proches dès la rentrée de septembre prochain.
90 viols ou tentatives recensées
Adama Koné vient lui aussi de Tombouctou. Avant de prendre la fuite pour Bamako, ce médecin raconte avoir soigné de nombreuses femmes victimes de viols : "Souvent des viols collectifs de lycéennes, violées à plusieurs reprises pendant 48 heures, parce qu'elles ne portaient pas le voile de la tête jusqu'au pied ". La CPI estime que jusqu'à "90 cas de viols ou tentatives de viols ont été signalés fin mars ou début avril ".
Leïla Babi, 23 ans, en boubou colorée, a fui Gao parce qu'elle était harcelée par les combattants djihadistes : "Si tu ne portes pas le voile jusqu'en bas, tu es frappée ". "Aujourd'hui, nous assistons à un spectacle désolant de la part de ces djihadistes , complète Adama Traoré, un jeune homme pieu. On ne peut pas les qualifier de musulmans, parce que l'Islam que nous connaissons, c'est la tolérance, le pardon et l'assistence sociale ". Mais les choses sont peut-être en passe de changer. A Gao, où les islamistes sont partis, des femmes ont déjà osé laisser tomber le voile. Enfin, interdit suprême, un homme aurait fumé une cigarette !
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