Mali : des exactions commises contre des islamistes
Sur la route depuis Mopti, la porte d'entrée vers le Nord-Mali, chaque village rencontré devient un enjeu. Lundi, l'armée malienne, appuyée par les forces françaises, a repris Diabali et Douentza, deux villes occupées par les islamistes. Les militaires ont été accueillis le plus souvent en libérateurs.
Mais entre Mopti et Diabali, il y a Sévaré, une ville de quelque 40.000 habitants. Et à Sévaré, depuis quelques jours, les langues se délient et racontent des meurtres sordides commis par les militaires maliens.
Exécutions sommaires
Selon plusieurs témoignages de déplacés originaires de Gao ou de villes proches, dans le nord, les islamistes ont payé au prix fort leur résistance à l'armée. Décapitations, doigts coupés, cadavres mutilés, les scènes relatées sont d'une violence sordide.
Un lieu notamment symbolise ce déchaînement : un puits posé sur un terrain vague du quartier de Waillhirdé. Omar Ouahmane, l'un des envoyés spéciaux de France Info, s'y est rendu. Sur le rebord du puits rebouché à la hâte, des traces de sang séché. Les djihadistes, dont de nombreux Touareg détestés par une partie de la population, ont été jetés à l'intérieur. L'un des témoins du massacre affirme :
"Nous avons peur de nos militaires."
Les autorités ne confirment pas
Samedi dernier, l'association Human Rights Watch était la première à dénoncer tout haut des exactions commises dans la ville de Niono. Elle appelait les membres de la communauté internationale à ne pas rester sans réagir.
Lundi, le colonel Thierry Burkhard, porte-parole de l'état-major français, déclarait :
"Je n'ai aucune indication d'indices qui confirmeraient ça."
Le problème est tout de même pris au sérieux par l'armée française qui, si ses exactions se confirmaient, pourrait apparaître comme complice de telles actes commis par les militaires maliens. Surtout que d'autres témoignages avaient déjà montré un acharnement sur les communautés arabe et touareg du Mali. D'ailleurs, lors du sommet ouest-africain sur le Mali le week-end dernier, le président malien Dioncounda Traoré a mis en garde contre d'éventuelles exactions, des propos rapportés par le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius.
Le problème, c'est le contexte régional, entre Sud et Nord-Mali. Explosif, il contient tous les ingrédients nécessaires à la vengeance.
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