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Comment la charia a transformé le Mali

Les islamistes ont transformé le quotidien des Maliens, dans le nord du pays, leur imposant un nouvel ordre moral.

Article rédigé par Julie Rasplus
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Des jeunes femmes voilées assistent à un cours à domicile, dans la ville de Gao (nord du Mali), le 5 septembre 2012.  (REUTERS)

MALI – Depuis plus de six mois, le Mali se retrouve coupé en deux. Les islamistes d'Al-Qaïda au Maghreb islamique, Ansar Dine et du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) contrôlent désormais le nord du pays, y faisant appliquer la charia (loi islamique) d'une main de fer. Le Sud regarde, lui, leur avancée d'un œil inquiet. 

Sur les rives du fleuve Niger, à mi-chemin entre Bamako et Gao, la ville de Mopti échappe encore aux islamistes. Mais plus pour longtemps. "Les islamistes sont proches. Le Mujao pourrait débouler en 4X4 en 90 minutes", observe Le Figaro mercredi 10 octobre (article payant).

Le Sud, paralysé par la peur de la charia

Le quotidien dresse le portrait d'une ville au ralenti. "Le port à l'agitation naguère frénétique est plongé dans la torpeur. Les bateaux, qui embarquaient passagers et marchandises, restent à quai." Ses habitants ont également déserté en masse, "en voiture, en autocar, à motocyclette ou en charrette à âne".

La "Venise du Mali", comme était surnommée Mopti, n'attire plus les touristes et a fait fuir les expatriés. L'un d'eux, interrogé par Le Figaro, confie : "Je sors peu. Il faut être sur ses gardes et éviter de se montrer". Et Libération de poursuivre, dans un article paru le même jour"Mopti était une cité bouffie par le commerce. Elle est devenue morne." 

La loi islamique appliquée scrupuleusement

La ville, dernier verrou face aux islamistes, a de quoi craindre la venue des hommes du Nord. Depuis le putsch du 22 mars, la vie quotidienne s'est transformée pour des milliers de civils. Dans un rapport publié le 21 septembre, Amnesty International rapporte "les graves violations et atteintes aux droits de l'homme" dans le pays. L'organisation pointe les "châtiments corporels, violences sexuelles, harcèlement quotidien dans le but d’imposer de nouvelles mœurs, (…) exécutions extrajudiciaires" désormais à l'œuvre. 

A Gao, la charia est désormais appliquée jusqu'à l'école. Les étudiantes portent le voile et sont séparées des hommes. "On s'habille à l'ancienne, on ne sort pas, on ne s'amuse pas, on n'est pas libres", regrette une jeune femme, anonyme et voilée, interrogée par nos confrères de France 2.

Boire, fumer, écouter de la musique non religieuse sont autant d'activités désormais bannies pour tous, sous peine de représailles. Si les droits sont de plus en plus restreints, la BBC (article en anglais), qui cite le secrétaire adjoint aux droits de l'homme des Nations unies, souligne plus particulièrement les dégâts concernant les femmes et les enfants. Les islamistes enrôleraient des enfants soldats, et les mariages forcés seraient devenus monnaie courante.

Amputations et lapidations se multiplient

Au Nord-Mali, la justice est aujourd'hui dite "islamique", iintraitable vis-à-vis de ceux qui ne respecteraient pas ce nouvel ordre moral – et qui ne peuvent avoir recours à un avocat. Dans ce contexte, la liste des exactions commises n'en finit pas de s'allonger. De nombreux buveurs d'alcool, fumeurs ou couples jugés "illégitimes" ont ainsi été fouettés en public, notamment à Tombouctou. Pour la première fois, fin juillet, à Aguelhok, un couple non marié a même été lapidé à mort.  

Récemment, des témoignages ont aussi fait état d'amputations, sans anesthésie et en public. Libération revient sur la triste histoire d'un éleveur touareg d'Ansongo, dans la région de Gao. Accusé de vol de bétail, ce dernier s'est vu emmené sur la place du village, où le chef des Mujao lui a tranché la main droite à l'aide d'un couteau. Huit jours sont passés sans qu'aucun soin ne lui soit prodigué, rapporte le quotidien. Depuis, d'autres châtiments de ce genre se sont produits, comme l'indique cette vidéo de l'AFP, filmée dans un hôpital de Gao. 

Mais les punitions peuvent aller encore plus loin : un journaliste malien raconte au Figaro avoir lui assisté à une exécution à Tombouctou. "La victime a été tuée de trois balles de kalachnikov tirées à quatre mètres de distance", confie le reporter. Au nom de la charia. 

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