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Djihadistes infiltrés parmi les réfugiés : le fantasme, la peur… et la vigilance

Vent de panique sur les réseaux sociaux : des combattants de l’organisation de l’Etat islamique se seraient mêlés aux réfugiés. Selon un tabloïd britannique, ils seraient plus de 4.000 à s’être infiltrés parmi les réfugiés en Europe. Des sites et même des médias relaient des rumeurs, présentées comme des informations. Et pourtant...
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Des réfugiés contrôlés par la police autrichienne, le 12 septembre 2015. (JOE KLAMAR / AFP)

Les rumeurs ont la peau dure, surtout quand elles trouvent place dans des médias et sont nourries par des personnalités politiques. Et quand elles sont propagées par les réseaux sociaux. Voici le commerce de la peur démantelé en quelques points :
 
1-Aucune information crédible : «Nous n’avons pas d’éléments qui indiqueraient qu’il y aurait des terroristes infiltrés parmi les réfugiés. Il n’y a aucun indice d’une présence éventuelle de Daech parmi les migrants. Pas une seule information», affirme à Géopolis un haut fonctionnaire de Bruxelles chargé de la sécurité.
 
2-Risque de noyade : «Si jamais l'Etat islamique perd pied sur le terrain et veut se lancer dans une offensive de terreur internationale, il ne va pas envoyer ses nervis parmi les réfugiés : il leur faudrait un mois pour arriver, avec une chance sur deux de se noyer... Du coup, la mission serait à l'eau avec», analyse Alain Chouet, qui a dirigé de 2000 à 2002 le service Renseignements de sécurité à la DGSE (renseignements extérieurs français).
 
3-Contrôle policier : les réfugiés sont contrôlés deux fois, à leur entrée en Europe et dans leur pays d’accueil. «Nous travaillons avec nos services de renseignements et n'octroyons pas l'asile à ceux dont nous savons qu'ils ont des activités terroristes», insiste le ministre de l'Intérieur français Bernard Cazeneuve.
 
4-Vivier local et réseaux sociaux : «L’organisation Etat islamique (EI, Daech) dispose de sympathisants en Europe et continue de recruter via les réseaux sociaux. Ces sympathisants ont des papiers en règle. Il y a un vivier en Europe», nous explique notre source, qui a requis l’anonymat. Le Français Mehdi Nemmouche, revenu de Syrie quand il a attaqué le musée juif de Bruxelles en mai 2014, en est la parfaite illustration.
 
5-Qui a diffusé la thèse de l’infiltration des combattants de Daech parmi les réfugiés ? Dès début août, des sites complotistes (souvent proches de l’extrême droite) inondaient les réseaux sociaux de rumeurs, les mêmes qui ont détourné la photo du petit Aylan le montrant vivant… après le drame, grâce à des photomontages.

Le tabloïd anglais Express annonce la présence de plus de 4.000 combattants de l’Etat islamique parmi les réfugiés. Comme le démontre Libération, dans sa rubrique Désintox, le tabloïd s’appuie sur une interview d’un membre de l’Ei datée de… janvier 2015 au site américain Buzzfeed. Des propos mis en doute par les journalistes qui les ont recueillis. Cela n’empêche pas des sites et même des médias de relayer le chiffre abracadabrant.
 

6-Vigilance : ce n’est pas parce que ce n’est pas le cas que cela n’arrivera pas. «Il ne faut pas exagérer la rumeur d'infiltration de terroristes parmi les  réfugiés, car elle peut être utilisée par les anti-migrants, qui veulent que l'Europe se barricade en disant que seuls des islamos vont entrer, mais on ne peut être sûr qu'il n'y en a pas du tout, avertit Eric Dénécé, directeur du Centre français de recherches sur le renseignement.

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