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En Afghanistan, les jeunes filles déscolarisées : "Les talibans les empêchent d'aller à l'école"

Dans le pays, la scolarisation reste une préoccupation majeure pour les jeunes filles afghanes. Pour elles, seules les écoles primaires ont rouvert, alors que les talibans répètent à l'envi que l'éducation est une priorité.
Article rédigé par franceinfo - Emmanuelle Theis
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Dans l'école de filles Zarghona, en Afghanistan, en septembre 2021. (JEREMY TUIL / RADIO FRANCE)

L'école Zarghona accueillait l'an dernier 8 000 filles. Elles ne sont plus que 2 000 aujourd'hui. Sont autorisées à venir en classe uniquement les plus jeunes, celles qui ont entre 7 et 13 ans. Pour les autres, la directrice explique qu'elle attend la décision des talibans. En Afghanistan, les collèges et lycées pour filles sont toujours fermés conformément à leurs consignes, eux qui veulent imposer la règle de la non-mixité, comme ils l’ont déjà fait dans les universités privées. Les talibans ne cessent de répéter que l'éducation est une priorité, sans toutefois annoncer des mesures claires pour la réouverture des collèges et des lycées pour filles.

"Elles ont beaucoup de rêves, elles veulent travailler, elles veulent étudier"

"Tout le pays s'inquiète de savoir pourquoi ils ne laissent pas revenir les filles à l'école", s'impatiente cette professeure de mathématiques, qui a appris l'anglais à l'université de Kaboul. "Le gouvernement nous dit qu'on doit préparer des classes séparées pour les filles et les garçons. Mais on n'a pas le temps de trouver des enseignants pour toutes les classes. Ma soeur enseignait dans une école pour garçons, mais les femmes n'ont plus la permission d'enseigner aux garçons, déplore-t-elle. Les talibans sont des gens ignorants, ils doivent donner aux filles l'opportunité d'étudier. Elles ont beaucoup de rêves, elles veulent travailler, elles veulent étudier. Mais maintenant, les talibans les empêchent d'aller à l'école."

Une préoccupation partagée par cette maman. Elle s'inquiète pour l'avenir de sa fille, totalement désoeuvrée depuis un mois. "Qu'est-ce qu'on peut faire ? Nos enfants ne vont pas à l'école, ma fille n'a pas terminé ses cours au lycée. Elle veut aller à l'université, mais elle ne peut pas", se désole-t-elle. 

La seule chose que le gouvernement nous apporte, c'est que nous n'avons plus d'emploi et que nos enfants ne sont plus scolarisés.

Une mère d'élève

à franceinfo.

Durant leur premier passage au pouvoir entre 1996 et 2001, la non-mixité imposée par les fondamentalistes sunnites avait empêché la quasi-totalité des filles d'aller à l'école. Après leur départ en 2001, et dans les vingt années qui ont suivi, le taux d'alphabétisation des femmes, qui composent la moitié de la population afghane, a pratiquement doublé, les rendant plus libres et plus indépendantes. Aujourd'hui, les femmes afghanes sont suspendues au bon vouloir des talibans.

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